Tourisme : Alexandra (...)

Tourisme : Alexandra Borchio-Fontimp "très confiante pour la saison 2018"

Pour la conseillère départementale et vice-présidente du Comité Régional du Tourisme, des efforts doivent encore être accomplis en matière d’accueil, mais la dynamique est bonne. Rencontre.

Un rapide bilan de 2017 alors que s’ouvre le salon AGECOTEL : comment s’est porté le tourisme sur la Côte ?

Il a évidemment souffert du triste épisode de la Promenade des
Anglais en 2016. Mais le Comité Régional du Tourisme s’est aussitôt mobilisé, sous l’impulsion de David Lisnard, pour fédérer tous les partenaires et créer dès 2017 la marque "Côte d’Azur France" pour remonter la pente. Les
efforts de toute la filière ont porté leurs fruits : l’été 2017 se caractérise par une très forte reprise, un élan qui s’est d’ailleurs poursuivi jusqu’à la fin des vacances de la Toussaint. Cette bonne saison nous a permis de rebondir.

Dans quelles directions le Comité Régional du Tourisme (CRT) oriente t-il maintenant ses efforts ?

Nous avons la chance, ici, de proposer une offre très complète qui attire des vacanciers du monde entier. Nous avons la clientèle de loisir qui constitue notre ADN. Nous participerons ainsi au salon MICE pour le tourisme
d’affaires, un secteur porteur mais aussi très concurrentiel puisque l’on a vu des événements nous quitter car nous n’avions pas assez d’hébergements.
Mais nous voulons aussi développer la clientèle qui s’intéresse au sport et à la nature.

De quelle façon ?

En participant à des salons comme celui du running, en organisant des événements tels que l’Iron man et la Red Bull Race, une course aérienne internationale qui se déroulera cette année à Cannes. Ou encore avec le retour du Grand Prix de France de Formule 1 sur le circuit du Castellet. Nous avons signé avec l’État un "contrat de destination" qui permet à toute la Côte d’Azur de se présenter ensemble sur les salons, plutôt que chaque ville séparément. Cela permet d’enrichir notre positionnement, de présenter nos avantages avec nos vingt palais des congrès, notre offre d’hébergement conséquente...

Et pour le tourisme "nature" ?

Il s’agit de le mettre aussi en avant, car c’est un secteur en plein développement qui plaît beaucoup. Mais notre arrière-pays est encore mal connu hors des frontières alors que les possibilités sont énormes.
La Chine, l’Inde, la Russie...
On travaille de pair avec l’Aéroport de Nice, qui est lui aussi sur un marché concurrentiel. À chaque fois qu’il réussit à développer une ligne directe avec un pays, cela a une incidence incroyable pour tout le département. Notre stratégie pour 2018, c’est une nouvelle fois d’aller conquérir la Chine : début janvier, le CRT a fait par exemple une opération avec les tours-opérateurs chinois. Pour l’Europe, nous effectuerons des missions en Europe centrale, notamment en Pologne et au Danemark, et une autre en Russie et Ukraine pour développer ces marchés. On vise le tourisme d’affaires, mais on met en avant toute l’offre de la Côte d’Azur, notamment le Parc National du Mercantour.

Y-a-t-il un programme de modernisation ou de remise à niveau des hôtels de l’arrière-pays ?

C’est un chantier ambitieux. On essaie de valoriser nos stations de montagne au travers de la promotion "sport et nature" car nous sommes mal identifiés chez les Américains et les Chinois qui n’ont aucune idée que la Côte d’Azur a des stations de ski. Il faut développer aussi l’hôtellerie de luxe pour accueillir la clientèle anglo-saxonne qui, parfois, est tentée d’aller jusqu’à Genève et en Savoie pour skier après un séjour sur la Côte.
Pas évident...
La difficulté, c’est la durée courte de la saison qui se concentre sur les vacances scolaires et sur les week-ends. En été l’hôtellerie ne se remplit pas, sauf à Valberg, qui a développé ses activités estivales depuis longtemps. On démarche donc les acteurs locaux, les groupes hôteliers et les particuliers pour leur proposer les meilleures conditions d’accueil et les accompagner dans leurs investissements.

Quand on constate que des terrasses de cafés sont encore équipées de chaises en plastique bas de gamme dans des lieux très touristiques, on se dit qu’il y a du pain sur la planche...

Avec la CCI, nous travaillons sur les labellisations "Qualité tourisme" et "Maîtres restaurateurs" pour s’inscrire dans des démarches qualitatives. Il faut valoriser les savoir-faire, travailler sur l’humain, car on sait très bien que l’un des points négatifs de la Côte d’Azur - et de la France en général - c’est l’accueil qui doit être amélioré. Il ne suffit pas d’avoir des plages, des paysages et des musées, les gens aujourd’hui ont besoin d’émotions quand ils voyagent. L’accueil doit être placé au cœur de la stratégie de toute la filière touristique.

AirBnB, Trip Advisor sont des concurrents. Mais ils attirent aussi de la clientèle...

Il y a une profonde mutation des comportements et des attentes de la clientèle, on ne peut s’y opposer. Ces sites nous apportent du monde car ils proposent une offre complémentaire, notamment à certaines périodes quand le secteur traditionnel de l’hôtellerie est complet. Mais on demande qu’ils puissent être encadrés et ne fassent pas une concurrence déloyale aux hôtels. On incite les collectivités à mettre en place la taxe de séjour comme c’est déjà le cas à Nice, Cannes ou Antibes. On veut que les gens qui mettent des biens en location aient l’obligation de se déclarer.

2018 se présente comment ?

Pour le loisir, il est encore trop tôt pour se prononcer car les
réservations se font plus tard en saison. Pour le tourisme d’affaires et celui des congrès, pour l’événementiel sportif, l’offre s’agrandit chaque jour. Nous sommes très confiants des retombées de la saison. Et nous continuerons à travailler sur la sécurité, qui demeure une priorité.

Jean-Michel CHEVALIER

Photo de Une : DR

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