Une étude de l'INSEE (…)

Une étude de l’INSEE confirme les difficultés pour se loger dans les Alpes-Maritimes

L’INSEE vient de présenter un focus sur le département, intitulé « Une forte pression foncière qui pèse sur la population ». Un phénomène dû autant à la géographie du territoire qu’à l’activité touristique.

Ce n’était un secret pour personne. Mais les chiffres, surtout ceux de l’INSEE, sont précieux pour éclairer les récits et les témoignages. Une délégation de l’INSEE était présente à la préfecture de Nice lundi 14 novembre pour dresser un portrait socio-économique des Alpes-Maritimes sur la base d’un document présenté autour de cinq axes : relief et pression foncière, dynamiques démographiques, économie et déplacements domicile-travail, inégalités sociales et accès aux équipements et risques naturels. Directrice régionale PACA de l’INSEE, Valérie Roux, a expliqué au cours d’un point presse que ce genre de présentation s’adressait « très largement » aux collectivités territoriales, aux services de l’Etat, aux agences d’urbanisme, en fait à « tous les acteurs économiques du territoire qui peuvent être intéressés par notre analyse ». «  Nous faisons souvent des publications thématiques. Ce qui est intéressant dans ce cas, c’est d’avoir tous les thèmes ensemble pour comprendre un territoire. Il y a plein de choses que les gens connaissent mais c’est intéressant de pouvoir mettre des chiffres dessus. Cela permet de quantifier, de se rendre compte que c’est parfois deux fois plus qu’ailleurs. Et il y a des choses que l’on n’a pas forcément en tête. Cela permet de faire une synthèse qui peut être utile  ». Valérie Roux était accompagnée à Nice de Stéphanie Durieux, chargée d’études, de Carole Zampini, cheffe de projet d’études et de Benjamin Sakarovitch, chef de service adjoint études et diffusion.

Espace limité

Carole Zampini a rappelé le relief atypique du département. « La superficie des communes de montagne représente 86 % du territoire du département. C’est seulement dans la bande côtière que l’on trouve des territoires de plaine », a-t-elle expliqué. « Conséquence de cette topographie : l’espace disponible pour l’habitat est limité et donc la pression foncière est forte. Deux tiers des habitants résident dans une commune du littoral », a-t-elle ajouté. Pour Carole Zampini, « le tourisme est un autre élément, outre le relief, qui contribue à la pression foncière. Un tourisme de longue date, qui perdure et qui crée une concurrence avec les logements permanents. Les résidences secondaires représentent une part importante du parc du logement dans les Alpes-Maritimes avec 24 % des logements, contre seulement 9 % en moyenne pour la France métropolitaine. Le tourisme est également présent à travers les plateformes d’hébergement du type Airbnb, qui sont en essor. Nice est la 9e ville d’Europe et la 2e ville de France après Paris pour le nombre de nuitées dans ce type d’hébergement. Cette concurrence entretient des prix immobiliers élevés. Les prix dans le département sont les plus hauts de province, appartements comme maisons ».
Les difficultés pour se loger sont illustrées par deux autres chiffres de l’étude : 70 comme le nombre de mètres carrés pour la moyenne des logements dans le département contre, 85 m2 pour le reste de la France ; 21 comme le pourcentage de la population en situation de sur occupation (c’est-à-dire vivant dans un logement où il manque au moins une pièce, en fonction de la configuration familiale), contre seulement 9 % pour la moyenne nationale.

« Déficit de logement social »

« On voit bien qu’il y a une grosse problématique de logement  », a confirmé Valérie Roux. «  Il y a aussi un déficit de logement social. Il y a moins de logements sociaux qu’ailleurs. On satisfait à peu près une demande sur 11, c’est deux fois moins qu’ailleurs en France. Il y a des très riches mais il y a aussi des pauvres, qui vivent souvent dans des logements qui leur coûtent cher et qui sont souvent trop petits pour leur famille », a-t-elle résumé. Souvent présenté comme un département attractif, les Alpes-Maritimes ont un solde migratoire (différence entre les personnes d’un autre département qui viennent s’installer dans les Alpes-Maritimes et celles partant vivre à l’extérieur du département) très faible. « Ce solde migratoire est positif uniquement entre 65 et 75 ans », a souligné Mme Roux. « Ce sont des personnes qui prennent leur retraite et viennent s’installer dans le département. Il est négatif ensuite pour toutes les autres tranches d’âge et il est en particulier très négatif au moment du début de la vie active, entre 25 et 29 ans. Ce solde migratoire est positif avec des départements comme Paris, les Hauts-de-Seine, et le Nord. On a plus de personnes qui arrivent de ces départements. Le solde migratoire est plutôt déficitaire avec les départements du Sud : le Var, les Bouches-du-Rhône, l’Hérault et le Rhône ».

Une économie orientée vers les besoins de la population

Dans les Alpes-Maritimes, 72 % des emplois concernent des activités présentielles (« activités mises en œuvre localement pour la production de biens et de services visant la satisfaction des besoins de personnes présentes dans la zone, qu’elles soient résidentes ou touristes »), contre 65 % pour l’ensemble de la France métropolitaine. L’INSEE relève une sur représentation des activités liées au tourisme, au commerce et à l’immobilier et une sous-représentation de l’industrie. L’Institut national de la statistique et des études économiques observe que l’emploi a été très dynamique dans le département entre 1989 et 2020, avec une hausse de 28 % du nombre d’emplois salariés (25 % en France métropolitaine), en particulier sur la période 1998-2007. Cette hausse des emplois a été portée par les activités informatiques, scientifiques et techniques, administratives et de soutien ; la construction ; l’action sociale et l’administration publique ; l’hébergement et la restauration. Il ressort également du panorama de l’INSEE que la moitié des emplois du département sont situés dans la Métropole Nice Côte d’Azur. Le nombre de trajets vers Monaco est en hausse, tout comme celui des déplacements depuis le Var. L’étude met en lumière que l’impact de la crise sanitaire a été plus fort dans les Alpes-Maritimes, avec un secteur touristique très touché. Les Alpes-Maritimes ont été le 3ème département français le plus aidé, par le fond de solidarité, après Paris et les Bouches-du-Rhône. La crise a eu un impact social avec une hausse du nombre de bénéficiaires des minima sociaux, notamment le RSA. Dernier point : les risques naturels sont élevés sur le territoire. Toutes les communes sont concernées par au moins un arrêté depuis 1982. Conséquence : il existe de nombreux plans de prévention des risques (PPR), ce qui limite les possibilités de construction. Et ne permet pas de soulager les tensions sur le logement.

Six chiffres clés de l’INSEE sur les Alpes-Maritimes

 1 094 300 habitants au 1er janvier 2019

 255 habitants au km2

 24 % : part des 65 ans ou plus en 2019 (20 % en France métropolitaine)

 21 % : part des moins de 20 ans en 2019 (24 % en France métropolitaine)

 2e département de province (après la Haute-Savoie) pour les très très hauts revenus

 15,8 % : taux de pauvreté (14,5 % : moyenne nationale)

Photo de Une : Valérie Roux, directrice régionale de l’INSEE, et Benjamin Sakarovitch, chef de service adjoint études et diffusion. ©S.G