
WAIFF : Un festival qui récompense l’IA dans le cinéma et qui en débat
- Par Sébastien Guiné --
- le 18 avril 2025
Le département des Alpes-Maritimes a organisé les 11 et 12 avril le premier festival international du film d’intelligence artificielle (WAIFF). Entretien avec Marco Landi, la « tête pensante ».
Comment est né ce projet ?
– Il vient de la longue expertise que l’on a sur l’intelligence artificielle. Grâce à l’engagement du président Charles Ange Ginésy, on a créé en 2018 l’Institut EuropIA, qui continue à agir dans le département et ailleurs. On a créé l’Institut EuropIA Italia, en Suisse, en Belgique et on est en train de le créer au Luxembourg. Pour sensibiliser le grand public sur l’intelligence artificielle. On a commencé bien avant l’arrivée de Chat GPT. Quand on l’a fait, il semblait qu’on parlait de quelque chose de mystérieux. Après cela, on a créé la Maison de l’intelligence artificielle (MIA), qui est dans le centre de Sophia Antipolis. C’est une réalisation formidable, qui a maintenant cinq ans. Sont déjà passés par là 100 000 collégiens. Puis nous avons créé le World AI Cannes Festival (WAICF), qui est vraiment un grand succès pour notre département et qui met en évidence des réalisations de Sophia Antipolis, de l’université (Côte d’Azur) et des entreprises de l’IA dans le département. Mais je vois plus le WAICF comme un événement particulièrement centré sur l’IA générique et je me suis dit que pour innover, il fallait trouver d’autres idées. Et voilà l’idée de commencer à créer des activités qui sont plus verticales, et de discuter de l’impact de l’IA dans le cinéma.
Vous avez également organisé un procès fictif de l’IA dans le cinéma, un an après celui de l’IA à la faculté de Droit de Nice.

– Pourquoi a-t-on fait ça ? Parce qu’il y a encore beaucoup de personnes dans le monde du cinéma qui sont contre l’utilisation de l’IA. Ils ont peur. Ils ont peur surtout parce qu’ils pensent qu’ils vont perdre leur travail. Uber a fait peur et aujourd’hui plus personne ne parle d’Uber, tout le monde l’utilise. Et c’est la raison pour laquelle on a dit, OK, on va donner des prix à ceux qui ont fait des œuvres formidables mais il faut quand même discuter de l’impact de l’IA dans le cinéma. On a aussi organisé les « pro talks » le 12 avril au Palais des rois sardes, réservés aux professionnels, pour discuter, dans différents aspects, de l’impact de l’IA dans le cinéma. Par exemple, comment protéger les créateurs ? Comment les rémunérer ? Pour maintenir cette imagination, cette créativité, il faut la protéger.
Combien de temps vous a-t-il fallu pour tout organiser ?
– On l’a fait très vite. Et nous l’avons fait nous, l’Institut EuropIA et le département. Et c’est vrai, j’ai eu la chance de trouver des partenaires, comme Genario, créé par David Defendi, et Sarah Lelouch, la fille de Claude Lelouch (fondatrice de clapAction et de techCannes). En trois mois on a été capable d’avoir un jury d’un niveau exceptionnel.
Combien de films avez-vous reçu ?
– On a reçu près de 1 500 films, c’est un succès énorme. On s’attendait à en avoir 200 ou 300. On commence à voir l’importance que l’IA est en train de prendre dans le cinéma. Et ce qui m’a étonné, c’est qu’on en a presque 70 qui venaient d’Iran. Comment ont-ils su ? On voit vraiment la puissance de la communication à travers les réseaux sociaux.
Quels ont été les critères de sélection ?
– Une durée de moins de 10 minutes et entièrement fait avec l’IA, que ce soit la vidéo, le scénario, la musique. Il y a deux autres caractéristiques importantes : il faut qu’il y ait une histoire et il faut qu’il y ait de l’émotion. Tous les finalistes ont été contrôlés par des experts réunis autour de Julien Raoult, fondateur du Studio Laffitte et directeur artistique du WAIFF.
Propos recueillis par
Sébastien GUINÉ
Prix du meilleur film IA
1er prix : The Russian Sleep Experiment, de Nicolas Pomet
2e prix : L’Espace tombe sur la Terre, de Nicolas Russeil
3e prix : Thiaroye 44, d’Hussein Dumbel Sow, Laura Bui et Papa Oumar Diagne
Prix « Coup de cœur du Département » : Curly, de Nicolas Prudent