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Interview de François Fillon : "Il faut restaurer la compétitivité des entreprises"

  • le 25 novembre 2016

François Fillon et Alain Juppé, finalistes de la primaire de la droite, s’affrontaient hier au soir lors du débat de l’entre-deux tours de la primaire de la droite et du centre. Notre confrère Damien Lê Thanh, Le Littoral de Charente Maritime, a réalisé l’interview des candidats par courriel hier.

Les résultats de ce premier tour, pour la première primaire de la droite et le centre, soulignent une forte participation, avec près de 4 ?millions de participants. Contre toute attente, vous êtes arrivés en tête des suffrages avec 44,1 ?%, comment analysez-vous votre score ??

Je n’ai jamais douté, vous souvenez-vous lorsque je disais que je serai au second tour et que les sondages n’étaient pas fiables. La participation montre la mobilisation des Français autour de mon projet fondé sur une exigence de vérité.

Vous avez décidé d’axer votre campagne sur un discours très libéral, un choix qui semble avoir convaincu une large partie de l’électorat ??

Lorsque j’étais à 10 ?% des intentions de vote, les autres candidats admettaient que j’avais le meilleur programme et ils s’en sont inspirés. Depuis, j’ai obtenu plus de 44 ?% des suffrages. On dit que mon programme est ultra-libéral et n’est plus crédible. Un peu de sérieux. La vérité, c’est qu’il faut sortir de 30 ans de renoncement pour enfin transformer le modèle économique et social de la France. Il faut l’adapter aux réalités du XXIe ?siècle. Si vouloir faire ce qu’il faut pour retrouver la croissance et l’emploi, c’est être libéral, alors, j’assume le terme “libéral”. Il faut être pragmatique. On ne retrouvera pas la croissance et l’emploi avec des demi-mesures.

Pour ce second tour de la primaire, Nicolas Sarkozy, Bruno Le Maire et Jean-Frédéric Poisson ont annoncé vous soutenir. Le début d’une droite rassemblée ??

J’ai reçu immédiatement le soutien de l’ancien président de la République, Nicolas Sarkozy. Il s’est exprimé avec beaucoup de dignité et une grande émotion. D’autres l’ont suivi à droite au centre ? : Bruno Le Maire, Hervé Morin, François Sauvadet... L’alternance est à portée de main, nous devons tous être rassemblés pour qu’enfin cesse le quinquennat raté de François Hollande. Les difficultés de notre pays, 6 ?millions de chômeurs, 2 ?millions de jeunes qui ne sont ni dans un emploi ni en formation, c’est un véritable échec. Il faut y remédier. Toutes les forces d’où qu’elles viennent seront nécessaires.

Qu’est-ce qui vous différencie d’Alain Juppé ??

Je suis à la fois réformateur et intègre, les Français l’ont bien compris. Je mettrai en œuvre ce que j’ai dit. Mon projet est fondé sur un diagnostic lucide de la situation. Je suis par ailleurs clair sur sa méthode ? : un pacte de confiance doit être passé avec les Français. Les propositions d’Alain Juppé ne sont que des demi-mesures tant au plan économique que dans le domaine social, qui ne suffiront pas à redresser le pays. De plus, il n’aura pas les moyens d’imposer une vraie rupture car il est l’otage de François Bayrou.

Deux thématiques paraissent particulièrement intéresser les Français, les questions liées à l’emploi et à la sécurité. Que proposez-vous dans votre programme ??

Bien sûr mettre en place un environnement favorable, il faut restaurer la compétitivité des entreprises, moteur de la croissance et de l’emploi en baissant immédiatement de 50 ?milliards d’euros les charges et impôts sur les entreprises. Au regard de la situation des finances publiques, le seul moyen de financer cet électrochoc de croissance et d’augmenter les deux taux supérieurs de la TVA de 2 ?% sans toucher au taux de base s’appliquant aux produits de première nécessité.
Pour la sécurité, lutter de manière implacable contre le terrorisme est indispensable, des mesures exceptionnelles doivent être prises. Réduire notre exposition au danger (moins de rassemblements publics notamment), expulser les étrangers qui présentent un danger, rétablir la double peine, appliquer les dispositions qui permettent de condamner à des peines allant jusqu’à 30 ans de prison tous les Français qui entretiennent des relations avec l’ennemi. Sans oublier, qu’au préalable nous devrons mieux sécuriser nos frontières Schengen et accroître la coopération européenne par l’échange de fichiers informatiques, données biométriques. Il est prioritaire de mettre en place sans délai l’accès au fichier passager PNR, indispensable pour contrôler les arrivants et les mouvements.

Toujours sur l’emploi, la droite comme le centre ne cessent de décrier les 35 ?heures. Quelles alternatives proposez-vous ??

On caricature souvent mon programme. Non ce n’est pas de l’ultra libéralisme de vouloir ramener la dépense publique de 57 ?% du PIB à un peu moins de 50 ?%, c’est du bon sens ?! Oui, je veux réduire de 500 ?000 le nombre de fonctionnaires dans les trois fonctions publiques (moins de 9 ?% des effectifs). Cela est possible grâce à la décroissance naturelle liée aux départs en retraite et aux fins de contrats dans les cinq ans qui viennent (450 ?000 postes) sans casse sociale. Il faut revenir aux 39 ?heures, cela sera une mesure d’équité entre le public et le privé et qui permettra de compenser les 50 ?000 postes supplémentaires.

La loi NOTRe, sur la nouvelle organisation territoriale, applicable au 1er ?janvier 2017, bouleverse considérablement la place de la ruralité, comptez-vous la remettre en cause ??

Nous ferons la réforme du conseiller territorial qui permettra de simplifier le millefeuille administratif, de faire des économies budgétaires et de rendre plus lisible les compétences des Départements et des Régions.

Il y a deux semaines, se sont déroulées à La ?Rochelle les 12e Assises de l’économie de la mer. Avec 463 ?km de côte, il s’agit d’un enjeu majeur pour la Charente-Maritime. La croissance bleue est-elle une de vos priorités ??

Je considère qu’il est de mon devoir de laisser à nos enfants et petits-enfants cette planète dans un état environnemental aussi bon, voire meilleur, que celui qui nous a été légué par les générations précédentes. J’ai toujours été surpris d’entendre que la protection de l’environnement et le développement économique seraient contradictoires. Je pense au contraire qu’ils peuvent et doivent coexister, et que les défis environnementaux sont autant d’opportunités à saisir pour nos entreprises, grandes ou petites, et pour le développement de nouvelles technologies et la création d’emplois sur tous nos territoires.

Lire l’interview d’Alain Juppé en cliquant ici

Propos recueillis pour la PHR par Damien Lê Thanh, Le Littoral de Charente Maritime
Photo de Une : capture d’écran du Grand débat du 24/11 sur France2

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