EVE séduit les professionn

EVE séduit les professionnels du BTP

Le projet « Environnements Virtuels Enrichis (EVE) » lancé en 2000 par le Centre Scientifique et Technique du Bâtiment de Sophia Antipolis vise à combiner « simulations scientifiquement valides » et « environnements virtuels » à travers une plateforme semi-industrielle, regroupant des modèles numériques, des fonctionnalités de visualisation en temps réel et des capacités de partage de données entre différents modules de CAO et acteurs professionnels.

Eric Lebègue, Chef de division adjoint du département Modélisation et Environnements Virtuels Enrichis du CSTB (MOD-EVE) nous explique les apports et applications de ces nouvelles technologies dans les métiers de la construction.

Quels sont les objectifs prioritaires du projet EVE ?

Cette plate-forme multifonctionnelle a pour vocation d’assurer une pérennisation et une parfaite évolutivité des maquettes virtuelles. Elle favorise la valorisation de projets existants, des calculs de structure, des simulations acoustiques, thermo aérauliques et thermiques permettant de vérifier le respect de la règlementation en matière de Développement Durable (consommation énergétique, confort thermique, etc). La maquette numérique de construction devient le « clone virtuel » du projet réel et un formidable support de simulation et de communication entre les acteurs du projet. Dans le cadre d’un appel d’offres en urbanisme, elle peut intervenir tout au long du process : de la production de plans en amont à toutes les étapes des travaux de construction assurant suivi et contrôle jusqu’à la réunion de synthèse de l’ensemble des partenaires. Elle sert ensuite aux collectivités pour l’actualisation du patrimoine. Chaque version étant archivée, il est possible très rapidement par exemple pour les intervenants d’un projet de comparer les différentes versions, de repérer et modifier ce qui est nouveau ou ce qui manque. Cet outil collaboratif et interactif peut ainsi réduire de près de 30 % les surcoûts de construction liés aux malfaçons sur un chantier dues à un manque de coordination, de consultation et d’information entre les divers spécialistes. EVE met ainsi en œuvre les normes d’échange et stockage de données notamment tous les produits utilisables pour une construction et en particulier les standards IFC pour les descriptions 3D sémantiques des bâtiments et la norme GML pour l’intégration des données géographiques. Elle est également capable d’intégrer des données en format propriétaire, comme celui proposé par le logiciel 3DS Max, utilisé par la plupart des architectes pour présenter leurs projets en 3D au sein d’images ou films de synthèse qu’ils peuvent visualiser au sein de la Salle Immersive du CSTB, spatialisée en 3D.

Vous avez lors du MIPIM 2009, développé un nouvel outil de navigation « le joystick » permettant le survol numérique du département des Alpes-Maritimes et la découverte en 3D des aménagements intérieurs et extérieurs détaillés de projets architecturaux sophipolitains. Comment avez-vous procédé pour réaliser l’intégration numérique de ces données complexes et quelle a été la réaction des professionnels ?

Le SYMISA (Syndicat Mixte de Sophia Antipolis) et la SAEM (Société Anonyme d’Economie Mixte) ont missionné l’équipe de Souheil Soubra, chef du département Mod-Eve pour définir le cahier des charges environnemental des projets architecturaux lancés en 2008,apporter ses compétences techniques et assister les candidats dans la préparation de leurs maquettes numériques présentés en décembre dernier. Nous avons ensuite avec Julien Soula, ingénieur-projet présenté en avant-première sur le stand "Sophia Antipolis" lors du MIPIM 2009, 3 maquettes numériques interactives : celle territoriale du projet OIN Plaine du Var, développé par notre partenaire l’Etablissement Public d’Aménagement (EPA) de la Plaine du Var, puis la modélisation complète des Alpes-Maritimes, intégrant l’extension du campus STIC dans la zone de Saint-Philippe dont le maître d’œuvre est le cabinet d’architecte Wilmotte et Associés et le projet ZAC Saint-Philippe, supervisé par l’architecte Nicolas Michelin. Grâce au partenariat développé avec l’IGN, nous collectons et exploitons à partir d’images satellitaires très rapidement de nombreuses données sur toutes les surfaces du globe qui nous permettent de reconstituer le relief et la création de modèles numériques du terrain (MNT). Ces données enrichies de données SIG nous permettent ensuite d’intégrer les grands projets de travaux publics dans les paysages et de leur donner un plus grand rendu avec un réalisme saisissant. Nicolas Michelin et Jean-Michel Wilmotte, surpris dans un premier temps de découvrir la mise en scène virtuelle de leur projet ont beaucoup apprécié la possibilité de s’y déplacer librement.

Envisagez-vous le lancement de nouveaux dispositifs de simulation dans la lignée d’EVE ?

Absolument, nous avons démarré début 2009 une étude de faisabilité pour un nouveau projet de plateforme baptisé « SIMBIO » qui a pour vocation de gérer à chaque étape des projets architecturaux toutes les problématiques de la filière bâtiment dans l’éco-construction. Elle est ouverte aux éditeurs de logiciels de CAO, professionnels de la construction et du secteur énergétique. L’objectif prioritaire est de les aider à concevoir des bâtiments aux performances énergétiques optimales, répondant ainsi aux objectifs du Grenelle de l’environnement. Des partenaires industriels à l’instar de Saint-Gobain, d’Autodesk nous apportent leur expertise et leur système global de produits et services innovants que nous intégrons au sein de la plateforme. Ils peuvent actualiser et enrichir les données fournies, l’idée étant qu’ultérieurement les différents acteurs puissent directement choisir dans ce vaste catalogue de dispositifs industriels testés l’assemblage de produits dont ils ont besoin. Ce projet ambitieux estimé à 50 millions d’euros pour une durée de 4 ans, est managé par les trois principaux Centres de R & D en France : le CEA et le CNRS dans le domaine de l’énergie et le CSTB dans le secteur du bâtiment. Chacun des partenaires a investi 10 millions d’euros, l’Ademe et l’Etat complétant le montage financier. La maquette-pilote de démonstration sera présentée au salon Batimat en Novembre prochain.

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