Athènes la tragique

Athènes la tragique

Tout le monde connaît les caractéristiques immémoriales de la tragédie grecque : quoi que l’on fasse, ça se termine mal. La force du destin, en quelque sorte. Ou plutôt, l’accumulation systématique de toutes les erreurs de la création. A force d’être dans le vrai, dit l’adage, on finit par avoir raison. En Grèce, à force de faire n’importe quoi, on finit par avoir tort sur toute la ligne. Les compères européens d’Athènes regrettent aujourd’hui de s’être montrés trop bienveillants, ou plutôt trop laxistes, à l’égard d’un « petit pays » géré, de notoriété publique, comme un claque de quartier. La famille a cru qu’il suffisait de froncer les sourcils et de serrer les cordons de la bourse pour ramener le cousin prodigue dans le droit chemin. Eh bien, c’est raté. Les Grecs ont largement tapé dans la cagnotte commune et épuisé leur potentiel de crédit : aucun usurier ne veut désormais s’engager, même contre une hypothèque sur l’âme des Athéniens. C’est l’Union qui doit faire les fins de mois, sous le contrôle scrogneugneu des auditeurs teutons, devenus aussi populaires que des gardiens de prison.

A force d’être pressurées par des impôts nouveaux et des réductions de salaires, il est compréhensible que les populations se montrent réticentes face à l’austérité programmée pour l’éternité. Et réceptives au discours de nouvelles formations politiques, qui prêchent pour la répudiation des dettes et, si nécessaire, l’abandon par les Grecs du fardeau de l’euro. Une telle perspective est inadmissible pour le clan des prêteurs, représenté par la haute autorité de la troïka (Commission, FMI, BCE), qui exhorte le pays à se doter d’un gouvernement respectueux des engagements pris à l’égard des créanciers. C’est peine perdue, bien entendu : tout le monde sait depuis belle lurette qu’Athènes ne pourra jamais apurer ses dettes. Mais on a réussi à gagner un peu de temps avant de devoir le reconnaître. En attendant, le pays va claquer ses dernières ressources à organiser des élections à répétition, jusqu’à ce que l’opinion soit suffisamment fragmentée pour qu’il devienne nécessaire de suspendre les droits démocratiques afin de rétablir un semblant d’ordre. A ce rythme, la Grèce est de nouveau sur les rails pour écrire un épisode supplémentaire à la tragédie.

La recette du jour

Capital familial

Vous avez prêté sans compter à votre sympathique cousin grec, qui a tout perdu, même son honneur. Renoncez à produire vos créances, qui n’ont plus aucune valeur en ce monde. Et offrez confiance et affection à la famille, le seul capital que le temps ne détruise pas.

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