Bagnole : une histoire

Bagnole : une histoire belge

Les Belges regrettent déjà l’âge d’or pendant lequel ils n’avaient pas de gouvernement officiel, mais seulement des administrateurs qui expédiaient les affaires courantes. Durant cette longue préhistoire, les heureux propriétaires de véhicules automobiles étaient choyés, qu’ils fussent particuliers ou salariés – la voiture de fonction est dans ce pays un argument déterminant du contrat de travail. Hélas pour eux, le système antérieur de bonus-malus « écologique », assorti de primes fédérales très généreuses, vient d’être passé à la paille de fer sous la nécessité des contraintes budgétaires. Pour être primé, le véhicule doit désormais fonctionner à l’air du temps, même si l’atmosphère politique est particulièrement polluée. En revanche, un malus assassin est maintenant applicable au moindre cyclomoteur. Et dans la foulée, les modalités du dispositif applicable aux utilisateurs de véhicules de fonction viennent d’être revues. Afin de squeezer les cohortes de petits malins qui s’équipaient d’une voiture baptisée « de deuxième main », afin de donner un coup de pouce à leurs avantages. Le nouveau système promet d’édifier une belle usine à gaz, ce qui est une façon comme une autre de réindustrialiser le pays.

Les conséquences à en attendre promettent d’être surprenantes. En premier lieu, les avantages concédés aux salariés équipés par leur entreprise seront calculés sur le « prix catalogue » du véhicule, minoré d’un modeste amortissement lié à l’âge. Si bien que le Royaume, qui ne compte aucun constructeur automobile national et qui est donc soumis à la vive concurrence de toutes les marques, devrait bientôt afficher les catalogues les plus chers de toute l’Union – sans rapport avec les prix qui seront réellement transigés, bien entendu. Ensuite, compte tenu du coût élevé de la « taxe de mise en circulation » ainsi que de la « taxe de circulation », de plus en plus de citoyens belges vont se faire immatriculer… au Luxembourg, où ces taxes sont légères, voire inexistantes, notamment pour les grosses cylindrées. Le Grand-duché est ainsi appelé à afficher un taux d’équipement automobile spectaculaire : on ne serait pas surpris que les statistiques attribuent prochainement sept ou huit véhicules à chaque foyer luxembourgeois. Evidemment, ces mauvaises manières constituent un nouveau motif de chamaille chez Albert II. Un sénateur belge a ainsi interpellé son ministre, sommé de prendre langue avec le voisin pour faire cesser une « pratique qui n’est pas du tout dans l’esprit de l’Union  ». L’Union aurait donc un esprit ? Voilà une bonne nouvelle : on avait au contraire cru comprendre que ses membres se focalisaient sur la lettre de leurs conventions byzantines, dans l’esprit que Frédéric Bastiat attribuait à l’Etat : « une grande fiction à travers laquelle tout le monde s’efforce de vivre aux dépens de tout le monde  ».

La recette du jour

L’automobile en waterzoi

Vous êtes conscient du budget élevé que représente l’automobile. Il vous faut prendre les choses en main. Par votre filiale panaméenne, achetez un lot de grosses cylindrées à un constructeur français (vous aurez un bon prix et pas de Tva) ; immatriculez la vôtre au Luxembourg et vendez les autres en Belgique, à prix d’or et avec un dessous de table. Avec le profit, vous pourrez payer le pompiste jusqu’à la fin de votre vie.

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