Canette et ballon rond

Canette et ballon rond

Ceux qui croient naïvement que l’économie se résume à un problème de baignoire et de robinets peuvent aller se rhabiller. Bon, d’accord : en ce domaine comme partout ailleurs, il n’y a pas d’effets sans causes. Mais lesdits effets ne sont pas nécessairement ceux qui sont logiquement escomptés, ni ne se produisent forcément là où ils sont attendus. Voyez par exemple l’Euro. Oui, avec une majuscule : on veut parler de la compétition de foot, pas de celle des marchés financiers, qui taclent chaque jour notre monnaie sans avoir écopé du carton rouge. Jusqu’à ce jour, à tout le moins. On connaît depuis longtemps l’attrait des populations européennes pour le ballon rond, ainsi que l’impact, sur la croissance, des succès éventuels de l’équipe nationale. Mais ce n’est pas nécessairement sur le Vieux continent que les effets de cette fascination sont les plus spectaculaires.

Si l’on en croit la narration du Quotidien du Peuple, la passion footeuse aurait largement contaminé la population chinoise. Avec des conséquences inattendues sur la consommation de ces spectateurs, qui doivent veiller tard pour suivre les retransmissions, eu égard au décalage horaire : la vente de fauteuils confortables et autres chaises longues a explosé. Mais plus spectaculaire encore, ce nouveau public sportif a spontanément adopté les pratiques de son homologue occidental : pour suivre un match, on invite les copains et on picole de la bière. De ce fait, la demande de cervoise augmente dans les proportions importantes : le Chinois moyen ne consomme aujourd’hui « que » 20 litres de bière par an, environ, la moitié de ce qui se boit en France, mais huit fois moins qu’en Allemagne – les champions du monde. Autant dire qu’ils ont une bonne marge de progression sous le pied, désormais chaussé de charentaises, évidemment. L’intérêt grandissant des Chinois pour les disciplines sportives devrait donc s’accompagner chez eux d’une hausse sensible de l’obésité, de la cirrhose du foie et du crétinisme éructant, entre autres caractéristiques du supporteur occidental. Décidément, il leur aura fallu peu de temps pour copier tout ce qui fait notre fierté et notre honte. D’ici peu, ils auront eux aussi trop de dettes. Et eux non plus, personne ne voudra les aider. Voilà ce qu’il en coûte de copier.

La recette du jour

Homo festivus sportivus

Longtemps le modèle indépassable de notre société a été l’american way of life. Vous avez donc adopté le hamburger, halloween et le 8-cylindres à crédit. Mais il faut évoluer. Ce sont désormais les Chinois qui dictent la loi. Si ce n’est déjà fait, portez un maillot de footeux sur le dos, des charentaises aux pieds et un pack de bière sous le bras. Et braillez « allez les Bleus » jusqu’à l’extinction de voix.

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