Chère aux enchères

Chère aux enchères

Combien êtes-vous capable de dépenser pour un déjeuner ? Si l’argument est gastronomique, la table étoilée d’un grand chef n’est pas pour rien, reconnaissons-le. Mais chez nous, les additions chez les toques prestigieuses sont revenues à des proportions raisonnables, après avoir frôlé la folie furieuse. Raisonnables si l’on ne se montre pas trop ambitieux avec la carte des vins, bien entendu. Au contraire, les Chinois ont la réputation de faire des folies pour un banquet inoubliable. Dans la narration de son long voyage chinois au début des années 1980, l’écrivain Paul Theroux raconte (La Chine à petite vapeur) l’état d’excitation incroyable d’un chauffeur de taxi, qu’il convia à un déjeuner de spécialités (plein de surprises : les Chinois boulottent tout ce qui bouge). Car le prix du repas dépassait le montant du revenu annuel du chauffeur, et ce dernier ne l’aurait, pour rien au monde, échangé contre de l’argent. C’est ce qui s’appelle bouffer son capital. Désormais, les choses ont évolué : le taxi en question a dû monter une compagnie. Et avec ses profits, il accumule les grands crus français pour nous les revendre avec bénéfice. Sont pas très sympas, les taxis chinois.

Bien qu’ils soient réellement obsédés par les plaisirs de la table, les Pékinois sont quand même battus à plate couture sur le prix de l’addition. Par les Américains, dont la réputation en matière de gastronomie n’est plus à faire. Tant elle est mauvaise, s’entend. L’année dernière, le prix le plus élevé pour un déjeuner s’est élevé à 2.63 millions de dollars. Tel a été le montant de l’adjudication pour avoir le plaisir de passer à table avec Warren Buffet, le célébrissime milliardaire. Pour info : les enchères pour ce déjeuner sont de nouveau ouvertes sur eBay, jusqu’au 8 juin à 22 : 30. Il faut donc être déjà multimillionnaire pour espérer apprendre de Warren comment devenir milliardaire. Bon, l’intérêt n’est pas évident, d’autant que le plat préféré de Buffet, c’est un hamburger (arrosé de Coca). Alors que déjeuner avec Maria Sharapova, d’une simple salade mélangée, voilà qui vous donne envie de réussir une montée au filet victorieuse ; ce doit être autre chose, quoi qu’il en coûte. Si vous promettez de ne pas le répéter, on va donc vous donner l’emploi du temps de Maria de ce jour : elle sera sur le Court central de Roland-Garros à 14 : 00 précises. Mais pas de chance : elle aura déjà déjeuné.

La recette du jour

Ave Maria

Vous avez un goût prononcé pour la gastronomie et la conversation. Si vous avez un peu de notoriété, mettez aux enchères un déjeuner hebdomadaire avec votre auguste personne. Mais si vous êtes Maria Sharapova, continuez plutôt de jouer au tennis : vous conserverez ainsi votre ligne. Et vous accroitrez joliment votre capital.

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