Elections et haute (...)

Elections et haute tension

« La justice, c’est quand on gagne le procès » a écrit en son temps l’inimitable Samuel Johnson. Lequel fait en ce moment quantité d’émules au sein des autorités politiques et monétaires, en Europe et ailleurs. Un consensus émouvant est en train de se former autour d’une sentence du même tonneau : la démocratie, c’est quand on a gagné les élections. Entendons par là qu’après la victoire, on n’a plus besoin de la démocratie. Pour tout dire, elle est même encombrante et mérite de passer à la trappe. Voyez par exemple l’Egypte libérée par la grâce démocratique : les électeurs en ont profité pour donner une coloration islamiste à leur Parlement. Sans se rendre compte que c’est illégal, selon les termes de leur Constitution. Tsss tsss, voilà le résultat : c’est comme offrir une voiture à quelqu’un dépourvu du permis de conduire.

Et les Grecs ? Selon les sondages, ils s’apprêtaient cette semaine à user de la souveraineté populaire pour élire une majorité de gauchos, fermement décidés à envoyer paître la Troïka et les créanciers. Mais ils vont sans doute changer d’avis, car le nouveau Président français, reconnu pour sa sagesse et sa modération, les a avertis que c’était un très mauvais choix, bien qu’ils fussent libres de le faire, évidemment. Pour l’instant, au moins. Car la France prêche, avec sa nouvelle copine l’Italie, pour une intégration « renforcée ». Entendons par là un machin fédéral où l’on fait pot commun (surtout avec les dettes) et où la gouvernance est « technique », c’est-à-dire dépouillée des lourdeurs et aberrations qu’entraînent les procédures démocratiques. Dont l’abus est préjudiciable à la santé : à partir d’un certain stade, les élections deviennent dangereuses. C’est pourquoi toutes les banques centrales du monde se sont mises en position d’alerte et ont armé leurs canons à liquidités. Au cas où ces fichus Grecs, que l’on croyait bien élevés et policés grâce à la proximité de leurs philosophes antiques, se mettaient en tête de faire un pied-de-nez à la bienpensance européenne. Le plus cocasse dans cette affaire, c’est que le système financier mondial redoute les effets d’une sortie de la Grèce de la zone euro, alors que son maintien factice est autrement plus périlleux…

La recette du jour

Démocratie éducative

Bien que prévenu des risques, vous avez tenté une approche démocratique de l’éducation de vos enfants. Il en résulte une chienlit inextricable dans votre famille, bien fait pour vous. Il ne vous reste plus qu’à engager le père Monti comme précepteur, pour sa rouerie pateline. Et dame Merkel comme surgé, pour son sens de la discipline.

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