Lasagnes au galop

Lasagnes au galop

Bien dormi ? Vous avez de la chance. Le billettiste ne peut pas en dire autant, encore frappé d’aphasie ce matin après avoir ingurgité une barrique de café. Voilà ce qui arrive après une nuit peuplée de cauchemars. A cause de la violence de l’actualité. Non, rien à voir avec le Mali : ce n’est qu’une expédition anodine contre des sauvageons mal éduqués. Pas une vraie guerre avec de vrais morts et de vrais dommages collatéraux. Ce sera bientôt terminé, ils l’ont dit à la télé. Non, rien à voir non plus avec le possible come back de Berlusconi, qui empêcherait l’UE de fermer l’œil, selon Mario Monti. Le croquemitaine italien est beaucoup moins inquiétant que les renards anglais, qui envahissent Londres et attaquent lâchement les bébés. On envisage une battue au renard devant chez Harrods – « l’innommable à la poursuite de l’immangeable », comme le disait Oscar Wilde. L’affaire est préoccupante, certes, mais rien ne saurait nous étonner de la part des Anglais. Le véritable sujet de nos terreurs nocturnes, ce sont les lasagnes.

On a fait en boucle ce cauchemar horrible. On se voit entrer chez le poissonnier et avoir l’oeil attiré par une splendide longe de thon rouge. De quoi concocter un plat de linguine à la sicilienne, une petite merveille des trattorie de Syracuse. « Vous ne serez pas déçu » affirme le poissonnier, avec le sourire d’un squale en quête de son dîner. Tu parles, Charles. Aussitôt sorti du magasin, voilà le pavé qui se libère de son emballage et s’enfuit au triple galop vers l’hippodrome voisin. Ce n’était pas du thon mais un steak de canasson. Une espèce nomade de cheval roumain sans doute pêché dans un étang de caravanes. On en tremble encore. Vivement l’heure du petit-déjeuner que l’on puisse manger français : le lundi, ce ne sont ni lasagnes ni raviolis. Mais des flocons d’avoine pour accompagner la botte de foin.

La recette du jour

Sécurité alimentaire

Vous n’avez plus confiance dans la traçabilité de votre garde-à-manger. Vous n’avez pas forcément tort, depuis que les lasagnes se fabriquent dans les écuries roumaines. Cultivez vous-même votre avoine : au moins serez-vous confiant dans la pitance de vos chevaux, avant de les transformer en sauce bolognaise.

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