Goo goo g'joob

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L’emploi du temps d’un billettiste est difficile à gérer, voyez-vous. Il n’était pas possible, hier, d’être absent de Wimbledon, vu que Camilla nous avait promis d’y traîner son Charles – ce qui n’est pas facile : sur le gazon, le Prince préfère voir onduler la croupe des chevaux que celle des tennismen, en dépit d’anciens ragots de la presse caniveau. Le spectacle était en tout cas propre à combler toutes les attentes : Federer et Fognini sont tous deux beaux garçons et l’Italien n’a pas pu résister à la tentation de faire son numéro de jongleur fantasque, un tantinet caractériel mais bigrement doué. On songe en le voyant à Marat Safin, ex play-boy des courts, talentueux mais imprévisible, qui poursuit désormais son entraînement sur les tapis rouges du Parlement russe. On ne serait pas surpris que Fabio Fognini se convertisse un jour à la politique, mais il est trop tôt pour remplacer Monti, qui pourtant pourrait se faire, lui aussi, sortir du jeu en trois petits sets vite expédiés.

Et puis il s’est mis à pleuvoir sur Wimbledon. Ce qui n’a rien d’extraordinaire, convenons-en : les Beatles nous avaient déjà enseigné qu’il est vain d’attendre le soleil, assis dans un jardin anglais, goo goo g’joob. Ainsi donc, puisque la grisaille menaçait de perdurer, on aurait dû derechef emprunter l’Eurostar pour rentrer à Paris. Et arriver à temps pour aider à la rédaction du communiqué qui a ponctué le meeting Merkel-Hollande, en lever de rideau du Conseil européen qui débute demain. On aimerait bien savoir qui est maintenant chargé des écritures officielles. Un ébéniste, sans doute, vu le polissage remarquable de la langue de bois. De la rhétorique un tantinet désuète, avec ce balancé de la phrase qui dénonce un familier des discours de Cicéron et un amoureux de la prose IVe République. Qu’on en juge : « Nous sommes conscients des mesures que nous devons préparer pour la stabilité financière et nous voulons, l’un comme l’autre, approfondir l’union économique, monétaire et demain politique pour arriver à une intégration et à une solidarité, l’intégration autant qu’il est nécessaire, la solidarité autant qu’il est possible ». La conscience, la volonté, l’action ; autant qu’il est nécessaire, autant qu’il est possible. Splendide. Voici la traduction : on a pris l’apéro et on a parlé de la pluie et du beau temps à Londres. De rien d’autre. Car nous autres Français sommes bien élevés : on n’invite pas les gens pour se fâcher avec eux.

La recette du jour

Choucroute et armistice

Vous être compromis, contre votre gré, dans la conduite des affaires de famille. Et c’est la chienlit dans la tribu. Faites grand tapage pour inviter les leaders à votre table. Ne les contrariez pas. Servez leur des mets raffinés, des vins subtils et des cajoleries. Puis déclarez publiquement que la paix est revenue et qu’entre les points de vue, on ne pourrait pas glisser une marmite de choucroute.

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