L'aigle de Farouk

L’aigle de Farouk

Il vous faut vérifier sans tarder votre cassette de pièces d’or. Et tout particulièrement les américaines de 20 dollars, les célèbres double eagle américaines, celles portant une Liberté à l’avers et un aigle impérial au revers. Après avoir longtemps présenté une surcote, pour des raisons fiscales spécifiques aux USA, la pièce affiche désormais un cours en rapport avec son poids de métal fin (une once, soit 31.10 g). Sauf le millésime 1933. Le Trésor fit pourtant fabriquer plus de 450.000 pièces cette année-là, mais elles ne furent jamais mises en circulation : dans l’arsenal réglementaire visant à lutter contre la Grande dépression, le gouvernement Roosevelt venait d’adopter un dispositif déclarant illégale la détention d’or, avant de rendre ce dernier passible de réquisition par le Gold reserve act en janvier de l’année suivante. L’un des innombrables épisodes de la lutte sans merci entre l’or et le dollar ; un combat qui tourne à l’avantage du métal précieux et qui pourrait se solder par la déroute du billet vert.

Mais qu’en est-il du double eagle 1933 ? Avant la refonte des pièces, deux exemplaires furent offerts au Musée national de l’histoire américaine. Et quelques autres furent dérobés, à l’instigation d’un bijoutier de Philadelphie qui avait probablement des accointances avec un employé de la Réserve fédérale de cette ville, où étaient entreposées les pièces. Le FBI fut chargé de la chasse et s’acquitta efficacement de sa tache : dix exemplaires sont revenus à l’abri des coffres de Fort Knox, où ils dormiraient encore. Mais l’un d’entre eux se retrouva dans les mains du roi Farouk, collectionneur pathologique. La diplomatie musclée de l’Oncle Sam permit d’obtenir un accord d’extradition de la pièce, mais cette dernière disparut alors mystérieusement. Pour réapparaître quelques décennies plus tard, dans les mains d’un négociant numismate qui fut piégé par le FBI et arrêté à Washington. Le négociant gagna son procès, mais les Etats-Unis devaient retrouver la possession de la pièce : le gouvernement passa alors une deal pour partager le produit de la vente. Un anonyme fortuné l’acquit sous le marteau de Sotheby’s, en 2002, pour le prix pharaonique de 7.59 millions de dollars. C’est cette même pièce qui fait aujourd’hui le tour d’Europe. Sans s’arrêter à Paris, on ne sait pourquoi. Mais ce dont on est certain, c’est que la Réserve fédérale américaine n’a pas été très inspirée de refondre ses eagle 1933 : à 10 millions l’unité, ça ferait un joli paquet.

La recette du jour

La cassette à Jules

Vous avez conservé la fibre épargnante de votre lointain aïeul, celui qui accompagna l’épopée de Jules César. Et qui conservait ses économies dans la pièce d’or de l’époque, l’aureus. Ce n’est pas que votre cassette d’aurei représente un poids important de métal, mais la rareté de la pièce en fait un vrai trésor. Vous êtes devenu plus riche que Berlusconi. Bien fait pour lui.

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