L'Iran en expansion

L’Iran en expansion

Il va falloir réactualiser tous les manuels de géographie : certains pays n’ont pas la surface communément retenue par les atlas. Tel est le cas de l’Iran, figurez-vous, dont les arpenteurs électroniques auraient découvert que le territoire s’est étiré de quelque 225.000 km2, l’équivalent de la moitié de notre pays. L’annonce de cette conquête territoriale émanant d’un général d’armée, les chancelleries ont dû s’émouvoir d’un bouleversement géographique propre à rendre obsolètes les plans guerriers qu’une bonne partie de la « communauté internationale » rêve de mettre à exécution. Car les dirigeants iraniens sont le poil-à-gratter d’une zone politiquement sismique : ils se montrent irrévérencieux à l’égard des puissances de ce monde, maltraitent les canons démocratiques à l’occidentale, sont suspects de fabriquer la bombinette et dorment sur une mer de pétrole, ce qui n’arrange pas leur cas, on s’en doute.

Pourtant, l’histoire de cet accroissement territorial est probablement sans mystère. On suppose que les relevés du planisphère résultent du calcul, par satellite, de l’aire théorique incluse dans les frontières du pays, sous l’hypothèse que la Terre est aussi lisse qu’un œuf. Alors que le logiciel du général iranien a dû tenir compte des versants des nombreux massifs montagneux qui égaient le paysage, quand la comptabilité officielle n’en recense que la base. Voilà qui est de nature à rassurer les gendarmes de la planète : l’Iran n’a pas (encore) annexé le Koweït, le Qatar, les Emirats Arabes Unis et le sultanat d’Oman afin de justifier ses propriétés foncières. Et voilà qui pourrait donner des idées prometteuses à nos ministres, qui se mobilisent en ces temps difficiles pour démontrer la richesse de notre pays afin de rassurer les créanciers : on devrait recalculer notre territoire « à l’iranienne ». A l’exception des Flandres qui ne comportent qu’une aspérité – le Mont Noir qui fit culminer Marguerite Yourcenar à l’altitude vertigineuse de 152 mètres –, notre typographie présente suffisamment de collines, de monts, de pics et de vaux pour améliorer très sensiblement le capital foncier de la maison France. Bon, d’accord : dans nos montagnes, il ne pousse généralement que des cailloux. Mais on pourrait y repiquer des éoliennes, par exemple, au lieu d’acheter du pétrole à l’Iran. Où y loger les écrivains qui rêvent d’acquérir la gloire de Dame Marguerite : l’austérité du paysage les encouragerait à la continence. Ce qui éviterait à la rentrée littéraire d’afficher 654 nouveaux titres, dont 600 iront au pilon après les fêtes de fin d’année…

La recette du jour

Fortune montagnarde

En période de crise, il faut investir dans les valeurs sûres : la terre ne s’use pas. Achetez une montagne et exigez de ne payer l’impôt foncier que sur sa base mesurée par l’IGN. Sur les versants, plantez des sapins que vous vendrez aux papetiers : le roman est le seul produit qui se fabrique à foison, sachant pertinemment que l’essentiel partira au pilon.

deconnecte