L'or d'Outre-Rhin

L’or d’Outre-Rhin

Les statistiques sont une matière à manier avec précaution. Elles semblaient indiquer, par exemple, que la rémunération du travail était plutôt stagnante, voire en régression. Elles disaient aussi que le marché de la bagnole souffrait d’un collapsus, depuis la disparition des subventions à l’achat. Eh, bien, pas du tout. Enfin, chez nous, on ne sait pas ; mais en Allemagne, à tout le moins, tel n’est pas le cas. Car le constructeur automobile Volkswagen a réalisé, l’année dernière, l’exercice le plus rentable de son histoire. Une bienfaisante pluie de profits qui permet à la firme de distribuer, à chacun de ses salariés, une prime généreuse qui fera plus qu’arrondir les fins de mois. Ce sont ainsi 5% des 15.4 milliards de profits, après impôts, qui leur seront redistribués. Il est permis de penser que la présence significative d’un actionnaire public, le Land de Basse-Saxe (18% du capital), ne soit pas étrangère à la décision du Conseil.

De ce fait, par le jeu des bonus, super-bonus et autres martingales managériales, le Président de VW vient de battre le record de la rémunération jamais accordée à un patron du DAX, l’indice des 30 plus grandes sociétés cotées. Avec ses 17.5 millions, il peut largement s’offrir la dernière-née des Bugatti, l’une des marques du groupe, pour la possession de laquelle il convient de prélever 50 kg d’or dans son coffre-fort. Un tel salaire n’est pourtant pas un record en Allemagne : en 2007, le président de Porsche, au sommet de sa gloire, avait ramassé 60 millions. Et il ambitionnait crânement de racheter VW. Mais c’est lui qui s’est ramassé, car la proie est depuis lors devenue prédateur. Le dernier détenteur du titre, sur le DAX, a été le patron de la Deutsche Bank. En 2007, lui aussi, c’est-à-dire juste avant les événements-que-vous connaissez. En foi de quoi doit-on conseiller à Martin Winterkorn, qui conduit les destinées de la « voiture du peuple », de garder la tête froide et les chevilles minces. Car le cycle des affaires est ingrat. Pour quiconque ne se sent pas l’âme d’un grand manager, reste une solution pour faire sa pelote : attendre qu’une météorite lui tombe sur la tête. C’est ce qui est arrivé récemment à une famille norvégienne : un gros caillou venu de Mars s’est abattu sur son abri de jardin. Sachez-le : à la Bourse d’Oslo, le gramme météoritique cote environ 700 euros. A ce prix-là, on en connaît des tas qui aimeraient se faire lapider la boîte crânienne par de la caillasse martienne.

La recette du jour

Mars sans Carême

Vous ambitionnez légitimement de vivre dans la prospérité. Mais vous n’avez aucun espoir d’héritage ni aucune idée pour inventer la pierre philosophale. Achetez un cabanon de jardin à Oslo et attendez qu’un caillou martien vous tombe sur la tête. Certes, la probabilité de l’événement est faible. Mais celle que vous soyez nommé président de Volkswagen est nulle.

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