La controverse des (...)

La controverse des quatre et demi

Il faut admettre que notre système éducatif présente de méchantes faiblesses. Nombre d’enfants accèdent à l’enseignement secondaire sans avoir acquis les fondamentaux de l’écriture et du calcul ; nombre de jeunes intègrent l’enseignement supérieur affligés de redoutables lacunes dans la maîtrise de la langue. Il en résulte des cohortes d’analphabètes dotés de diplômes en chocolat, et des légions de BAC + petit n, le n témoignant du nombre d’années passées à glander sur les bancs de l’Université. « C’était mieux avant » disent les grincheux qui déplorent la dépréciation des diplômes ordinaires. C’était surtout différent : n’accédaient à des études longues que ceux qui justifiaient du niveau requis par chaque degré d’enseignement. Mais le bon sens n’est pas démocratique : le confusionnisme ambiant, caractéristique de l’ère postmoderne, confond égalité des chances et égalité des capacités. D’accord pour que chaque enfant ait le droit de devenir polytechnicien ; d’accord pour que chacun courre le 100 m en moins de 10 secondes. Mais dans un cas comme dans l’autre, rares sont ceux qui atteignent l’objectif. La nature est inégalitaire, coco.

En revanche, il est peu douteux que l’enseignement primaire soit déterminant dans le cursus de l’enfant. Il est donc louable, de la part du ministre en charge du dossier, de se focaliser sur le sujet. Toute la difficulté réside dans l’indentification des faiblesses de notre système : la pédagogie n’est pas une science exacte. Il est possible, en effet, que la journée de travail des têtes blondes soit trop chargée et l’année scolaire trop concentrée (en d’autres termes : les vacances trop longues). Il est moins évident que le nœud du problème se situe exclusivement dans le quantitatif. Quand les familles sont sensibilisées à l’aspect capital du primaire, les enfants réussissent mieux ; quand les instituteurs sont impliqués dans leur tâche, les résultats sont meilleurs ; quand ils seront mieux considérés par les parents, les enfants, et l’administration qui les paie (mal), sans doute pourra-t-on constater des progrès. La modification des rythmes scolaires participe peut-être de la solution. Mais les mesures envisagées accroissent le temps passé à l’école, allongent le temps de travail des maîtres et créent de nouvelles plages périscolaires (de la garderie déguisée), dont l’organisation et le financement par les communes constituent un casse-tête pour ces dernières. Reconnaissons que les Français sont réfractaires au changement. Mais avant de le déplorer, il serait sans doute bienvenu de s’assurer que les réformes envisagées soient pertinentes…

La recette du jour

Intérêts du capital intellectuel

Vous êtes légitimement préoccupé par l’avenir de votre enfant qui entre à l’école primaire. Choisissez d’assurer vous-même son enseignement ou engagez un précepteur qui ne soit pas analphabète. Le gamin pourra ainsi devenir ministre de l’Education et engager, enfin, la réforme du système qui fera de l’élitisme une vertu démocratique.

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