La décote du fair play

La décote du fair play

Mauvais joueur, voilà ce qu’il est. Non, pas Andy Murray : pour avoir perdu en quatre sets, il n’a pas pour autant demandé que Wimbledon se joue désormais au meilleur des sept sets. A Londres, on respecte le règlement avec bonne grâce : les Britanniques ont inventé le fair play, tout de même. Enfin, en matière sportive : dans les affaires, ils conservent avec brio le leadership de la grande truanderie. Le mauvais joueur de la semaine, c’est Samaras. Oui, Geórgios, le Premier ministre grec. Le règlement de la Troïka lui avait accordé une longue période d’entraînement pour alléger Athènes, muscler son Trésor et préparer sa population aux rigueurs d’un régime de compétition. C’était sympa de la part des arbitres d’avoir accepté des mesures dérogatoires, alors que le pays ne méritait guère l’indulgence pour avoir trop longtemps négligé de se maintenir en forme. Il semblerait que la bienveillance soit mal récompensée : alors que la règle commune prévoit 90 secondes avant la reprise du jeu, voilà maintenant que Samaras demande deux ans de plus. C’est n’importe quoi, Geórgios, cela dit sans vouloir vous offenser.

Voilà ce qu’il en coûte de fouler aux pieds les règlements immémoriaux des sports d’argent : d’autres compétiteurs n’hésitent plus à exiger leurs propres amendements. Voyez Chypre, par exemple. Trop proche de la Grèce, le pays a copié sur son voisin le dopage sur fonds publics : ses fonctionnaires, en particulier, sont devenus accros de rémunérations princières. Ses banques ont shooté leurs bilans aux obligations grecques : les pertes qui en résultent représentent grosso modo 50% du PIB. Et les entreprises bénéficient d’un taux d’imposition encore plus doux qu’en Irlande (10%), ce qui fait grincer les dents chez ses partenaires de l’UE. Il faut donc que Nicosie trouve des dealers de crédit suffisamment achalandés pour boucher les trous du budget. Seulement voilà : la Troïka veut imposer en échange une cure sévère de désintoxication. Et un alignement de la gestion ordinaire sur les bonnes pratiques des autres Etats-membres. En un mot, une véritable révolution. Si bien que Chypre est aujourd’hui très tentée d’accepter les fonds que Moscou serait prête à lui accorder, à des conditions chrétiennes mais pas nécessairement très orthodoxes. Il en résulte que le précédent grec pourrait provoquer un dommage collatéral embarrassant : l’introduction du loup russe dans la bergerie communautaire. Entre nous, ce n’est pas très fair play.

La recette du jour

La potion Roméo

Vous êtes le patriarche de la maison Capulet et vos finances sont désastreuses. Mais vos alliés font la sourde oreille et soumettent leur aide à des conditions assassines. Encouragez votre fille Juliette dans son flirt avec Roméo, héritier de vos ennemis héréditaires. D’accord, les Montaigu sont imbuvables. Mais leur cellier est plein à craquer.

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