La folie des hauteurs

La folie des hauteurs

Connaissez-vous Andrew Lawrence ? Non, pas Andy, l’acteur qui s’ébroue dans la boue avec sa copine, dans la série Bones (saison 3, épisode 11 pour les spécialistes), et qui y découvre un cadavre fraichement immergé. On veut parler ici de l’économiste américain Lawrence, père de la théorie qui a donné naissance au Skyscraper Index. Cet indice gratte-ciel témoigne de la relation qu’il y aurait entre la construction d’immeubles de grande hauteur et la survenance de méchantes récessions. Plusieurs exemples illustrent cette thèse, aux Etats-Unis, en phase avec la crise de 1929 et le choc pétrolier de 1973. Et plus récemment le sinistre de Dubaï, au moment de l’érection de la Burj Khalifa – la construction la plus haute du monde avec 828 m. Un record qui promet d’être bientôt battu par la ville chinoise de Changsha, où devrait s’édifier en… 3 mois la Sky City, une pâtisserie de béton qui coiffera de 10 m la tour du calife. Sacrément pratique : vous pouvez installer une plage de sable blanc au rez-de chaussée et une station de ski au sommet. Entre les deux ? Des ascenseurs, bien sûr, pour assurer la navette.

Mais la nouvelle équipe dirigeante de Pékin pourrait mettre un bémol à la folie des hauteurs qui gagne les constructeurs chinois. Déjà, il semble qu’un nouveau style tente de s’imposer au Parti : Xi Jinping veut mettre fin au règne millénaire de la langue de bois, ce qui provoquerait un choc aussi violent que la Révolution culturelle. Déjà voit-on apparaître, dans la presse officielle, des signes annonciateurs du changement. Avec les arguments des opposants à la Sky City, qui font état de leurs inquiétudes : que se passerait-il en cas d’incendie, hein ? Car les échelles des pompiers ne dépassent pas 100 m, voyez-vous. Et si « un vieil homme fait une crise cardiaque », hein ? Bon d’accord, il y aura un hôpital dans l’immeuble. Et les vieux ne voudront jamais habiter une telle usine. Les cardiaques non plus. Mais enfin, c’est quand même un problème. Et en cas d’affaissement de terrain ou de tremblement de terre, hein ? Bonne question. Ce à quoi le promoteur répond avec assurance : « Les séismes sont rares à Changsha : il n’y a donc rien à craindre ». Bien vrai : pour preuve, les tsunamis sont rares à Fukushima. Voilà donc démontré que les autorités pékinoises ont abandonné la langue de bois, au profit des poncifs niais et autres allégations crétines des dirigeants occidentaux. Andrew Lawrence a sûrement raison : la Chine se prépare à une crise de grande ampleur.

La recette du jour

L’importance de gagner

Vous êtes un pur produit de la société de compétition. Vous avez épousé une femme plus belle que celle de votre voisin, bâti une maison plus luxueuse, enfanté des mouflets beaucoup plus mal élevés que les siens. Vous avez réussi. Mais sur quoi concourir désormais ? Tentez de devenir champion de l’humilité : ça occupera le reste de votre vie.

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