La géhenne spatiale

La géhenne spatiale

Voilà longtemps que notre espèce a pris conscience de l’enjeu capital que constitue le traitement des déchets qu’elle produit. Au quotidien, nous générons quantité de cochonneries plus ou moins vénéneuses, dont il faut éviter l’accumulation en accélérant leur dégradation naturelle, en les transformant et, si possible, en recyclant les matières pour un nouveau tour de piste. Dans l’ensemble, nous maîtrisons assez bien le cycle de nettoyage, à l’exception de quelques matières embarrassantes, comme les déchets nucléaires. Lesquels finissent par se dégrader naturellement, mais il faut se montrer très, très patient. Tellement patient que toute vie aura probablement disparu sur Terre quand les fosses septiques des cabinets atomiques auront cessé de présenter un quelconque danger. Et l’ennui, voyez-vous, c’est qu’au train où vont les choses, les derniers sapiens ne pourront même plus s’enfuir dans l’espace pour échapper à l’enfer de leur planète : les issues seront tellement encombrées qu’ils pourraient bien rester prisonniers.

Une série d’articles du Temps met aujourd’hui le doigt sur un phénomène qui enfle à un rythme exponentiel : une large tranche de l’espace qui entoure notre planète, celle où gravitent les satellites devenus indispensables à notre vie de tous les jours, s’est transformée en terrain vague jonché de déchets. Les restes des innombrables machins que nous avons satellisés à des fins diverses, civiles ou militaires. Et dont les fragments, de tailles diverses, errent en orbite à la vitesse pépère de 28.000 km/h. Vous voyez le tableau : vous circulez tranquillement à bord de votre vaisseau spatial, pour faire la vidange d’un satellite des communications, par exemple, et vous prenez un simple boulon errant dans le pif. A cette vitesse, c’est comme si vous receviez un boulet de canon dans le bastingage. Il est donc devenu indispensable de trouver le moyen efficace de passer l’aspirateur dans l’espace. A ce jour, la technique la plus en vue consisterait à… envoyer des satellites-techniciens-de-surface, qui ramasseraient les détritus avant de se laisser tomber dans l’atmosphère terrestre pour s’y consumer avec leurs prises. Un nettoyage par le feu, en quelque sorte. Les Etats-Unis viennent de trouver un accord avec l’UE pour instituer un code d’« usage responsable  » de l’espace. Qui verra le jour sous réserve de ne pas générer de contraintes aux activités spatiales du Pentagone, ayant pour objet la sécurité… américaine. Les Yankees restent fidèles à leur philosophie : d’accord pour épargner les tapis de l’espace, pourvu qu’ils puissent continuer de s’y essuyer les pieds.

La recette du jour

Conseil d’orientation

Il est devenu délicat d’orienter sa progéniture dans les études appropriées aux métiers de demain. Si vos enfants sont physiquement robustes, dotés d’un QI supérieur à 150, d’une volonté d’acier et d’un mental de Robocop, préparez-les à la carrière la plus prestigieuse du futur : éboueur de l’espace. Un métier d’aventurier et de héros qui fera rêver les générations à venir.

deconnecte