La pomme et John Law

La pomme et John Law

Si vous tentez de comprendre les relations de cause à effet entre les événements et les mouvements boursiers, vous risquez d’être passablement désorienté. Depuis quelques années, la prolifération des dettes pourries est, à elle seule, suffisamment terrifiante pour glacer le sang des marchés. Sans compter la mollesse persistante de l’activité qui entraîne la nécessité, pour la plupart des firmes, de raboter les effectifs pour stabiliser la ligne de flottaison, au risque d’être passées au montebourg (Ndlr : le montebourg est une arme rhétorique à haute pression contre les employeurs insolents, l’équivalent du karcher contre la racaille chômeuse). Bref, on a connu des températures plus clémentes dans le climat des affaires. Pour autant, les Bourses se maintiennent à un niveau d’optimisme raisonnable, avec juste ce qu’il faut de hoquets pour donner du grain à moudre au trading à haute fréquence, ce procédé révolutionnaire qui est à la gestion de portefeuille ce que la tonte du blé en herbe est à l’agriculture. Voilà pour le contexte général.

Au cas particulier, les marchés nous révèlent chaque jour des surprises ébouriffantes. Voyez par exemple le cas de Peugeot, que l’on sait empêtré dans des embarras multiples et dont le titre ne cesse de déraper depuis un bon moment. Eh bien, au jour de l’annonce de résultats pires qu’attendus, le cours se redressait dans un contre-braquage déroutant. Sur un autre registre, Apple, la célèbre firme à la pomme américaine, ne cesse d’aligner des succès dans le monde entier. Comme si personne ne pouvait désormais se passer d’un iMac, d’un iPhone, d’un iPad ou d’un iMachin quelconque. Tel le billettiste, par exemple. En phase avec sa réussite, Apple vient d’annoncer les meilleurs résultats de son histoire, ses profits ayant augmenté de plus de 20%. En foi de quoi le jour même, son cours dévissait vigoureusement, entraînant dans son sillage l’ensemble de la cote. Pourquoi tant de haine ? C’est que les analystes attendaient mieux encore. Et ils n’aiment pas la prudence des dirigeants de la société, qui mettent l’accent sur l’atonie économique et… la montée des concurrents. Cette affaire rappelle celle de la Compagnie d’Occident du génial John Law, créée en 1717 et devenue plus tard Compagnie perpétuelle des Indes. Lors de l’AG de 1720, le dividende proposé représentait 40% du prix d’émission de la Compagnie d’Occident. Le jackpot. Pourtant, ce fut la débandade. Car le cours du titre avait atteint des sommets himalayens. Première capitalisation au monde, Apple vaut aujourd’hui plus de 500 milliards de dollars malgré la récente correction. C’est beaucoup. Et sans doute beaucoup trop.

La recette du jour

Fortune en compote

Votre jardin ne compte que des pommiers mais vous êtes expert en la matière. Vos pommes sont élégantes, aussi délicieuses crues que cuites, en compote, en crumble ou en simple décoration d’un intérieur moderne. Elles bénéficient de l’accès à une hot line et d’une garantie de deux ans pièces et main d’œuvre. Le prix de votre jardin monte en flèche : vendez-le avant que votre voisin ne vous copie.

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