Le bleu madrilène

Le bleu madrilène

Les goûts et les couleurs, dit l’adage… Bon, on veut bien ne pas discuter des goûts, dont tous sont, paraît-il, dans la nature. Mais les couleurs, c’est une autre affaire : vous ne pouvez pas changer les couleurs ordinaires sans provoquer des perturbations, voire de méchants dommages collatéraux. Prenez par exemple l’eau de votre piscine : vous aimez bien y voir des reflets bleutés, n’est-ce pas ? Si votre grand bain est soudainement coloré en marronnasse, on veut bien parier que vous n’aurez pas envie d’y piquer une tête. C’est normal : sans se montrer excessivement réactionnaire, il y a des couleurs associées aux choses que l’on n’aime pas voir changer. Les pelouses peuvent être négligées ou rasées de près, c’est affaire de goût ; mais il faut que le gazon soit vert. De la même façon, on peut préférer jouer au tennis sur ciment, sur moquette ou sur terre battue. Mais dans ce dernier cas, sans se montrer exagérément vieux jeu, on aime bien retrouver la couleur de la brique pilée. Qui sous toutes les latitudes, demeure rouge orangé.

Vous voyez où l’on veut en venir. Le tournoi de Madrid, bien sûr. Déjà, les Espagnols ne cessent de se faire remarquer. Ils ont construit des villes entières qui deviennent des friches avant d’être habitées. Leurs banques menacent d’être transformées en musées, ce pourquoi l’Etat se propose de les racheter. Et pour confirmer le malaise espagnol, voilà que le tournoi de tennis de Madrid, qui jouissait jusqu’à ce jour d’une certaine réputation, se joue cette année sur des courts en terre battue… bleu horizon ! Oui, Sire : c’est une révolution. Les compétiteurs ont beau être des professionnels, ils ont un peu de peine à s’adapter à la surface, d’autant qu’elle serait aussi glissante qu’une authentique patinoire. Et l’on comprend le désarroi des joueurs français, au moment où le bleu vient justement de s’estomper de leur paysage politique. Si bien que les paris sont ouverts avant l’ouverture prochaine du tournoi de Roland Garros. D’aucuns prétendent que cette année, les courts parisiens seront repeints en rose. Mais nul ne sait encore si s’agira d’un rose pâle, peu salissant, ou si le ton sera renforcé de ce puissant colorant d’invention récente : la mélenchonite.

La recette du jour

Economies en couleurs

Maintenant que l’impôt va boulotter les trois-quarts de votre revenu, il vous faut apprendre l’économie, voire la parcimonie. Prenez modèle sur la méthode espagnole : servez des fruits au dessert, après les avoir repeints d’une couleur peu ordinaire. En bleu, par exemple : personne n’y touchera. Evitez le rose, qui revient à la mode. Et bannissez le rouge, qui aiguise l’appétit.

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