Le boulet des jours (...)

Le boulet des jours fériés

Aux sceptiques congénitaux, aux râleurs impénitents et aux éternels mal embouchés, voici la preuve flagrante que nos autorités se mobilisent pour rendre au pays la compétitivité qu’il mérite : le gouvernement a fait tomber le 14 juillet un samedi. Et l’année prochaine, notez-le bien, ce sera un dimanche : en deux ans, deux jours de production à ajouter au PIB. Pas mal. Mais commémorer les sans-culottes un jour chômé ne suffira pas à écarter le risque de finir en caleçons. Il faut aller plus loin. Décréter, par exemple, que le 14 juillet tombera le 13 en 2014 et le 12 l’année suivante ; que le jeudi de l’Ascension tombera désormais le dimanche de Pentecôte, que Noël tombera au balcon et Pâques aux tisons ; que le 1er de l’An tombera aux calendes grecques et le 1er mai aux oubliettes. Et ce n’est qu’une esquisse des gains de compétitivité à réaliser, sans autre dommage collatéral que celui de mécontenter 24 millions de salariés, soit à peine plus d’1 Français sur 3. On a connu des mesures bien plus impopulaires, quoique moins productives.

Sous réserve que nos calculs soient exacts, le salarié réglementaire travaille 225 jours par an. Sans compter ses éventuels congés pour maladie, pour indisposition passagère, pour paresse chronique, pour panne de réveil ou pour mariage impromptu de la cousine par alliance de la belle-mère de sa troisième épouse. En moyenne, le temps de travail est ainsi inférieur à 4.5 jours sur 7. Il suffirait de le ramener à exactement 4.5 jours par semaine pour obtenir mécaniquement une hausse du PIB de 3%. Ce serait déjà une étape importante. Vers un mieux-être général que l’on pourrait parfaire en réduisant progressivement la durée des congés, lesquels sont le premier facteur de stress du travailleur : dans sa station balnéaire, il paie une fortune pour regarder la télé et distribuer des beignes à ses mouflets, le temps pourri de juillet obligeant toute la famille à rester cloîtrée. Il semblerait ainsi raisonnable de limiter le chômage légal au repos dominical, majoré de deux semaines par an de farniente intégral. Dans cette hypothèse, et toujours sur le même barème de calcul, le PIB croîtrait de… 30% ! Vous vous rendez compte ? Nous deviendrions tous très riches. Assez riches pour… pour s’offrir ce que l’on veut. Acheter la Chine, par exemple. Les Chinois migreraient alors en masse aux etats-Unis, bien fait pour les Yankees : s’ils avaient autrefois retenu La Fayette au lieu de nous le réexpédier, personne n’aurait fait raser La Bastille. On pourrait encore visiter ce symbole inégalé de l’hospitalité monarchique. Un programme sympa pour le 14 juillet, tant qu’il est encore férié.

La recette du jour

Commémoration apaisante

Vous êtes un professionnel de la politique blanchi sous le harnais. Si bien que du 14 juillet, vous en êtes saturé. Au nom de la paix européenne, profitez de votre autorité de président de la République pour mettre fin aux parades militaires. Au nom de la paix intérieure, rétablissez le grand pince-fesses du 14 juillet. Non, pas à l’Elysée. A La Rochelle.

deconnecte