Le business électoral

Le business électoral

Il y a peut-être une solution efficace pour doper durablement l’activité et réduire le chômage, dans les pays qui ont sacrifié leurs équipements industriels sur l’autel des délocalisations. Il suffirait de renouveler chaque année le mandat présidentiel, au vu de la débauche de moyens que mobilise la campagne, et son impact favorable sur le PIB. Non, pas en France, où la loi encadre rigoureusement la dépense électorale, et où les prétendants à la charge suprême se font un honneur de respecter scrupuleusement les règles : point de soutiens déguisés ni de financements occultes. Pas de ça, Lisette. D’autant qu’une commission ad hoc passe les comptes au scanner et épluche les factures des candidats, vu que l’Etat rembourse les frais de compétition – sauf pour les tocards qui ne passent pas la première haie des 5% de suffrages. Donc, chez nous, l’annualisation de la présidentielle ne rapporterait pas grand-chose, sauf une pollution médiatique permanente et de nouveaux impôts pour payer les olympiades. Tandis qu’aux Etats-Unis, c’est une autre paire de manches.

Comme le rappelle aujourd’hui Le Temps dans un article consacré à la primaire américaine, la complexité du processus électif rend le business coûteux. Et de citer un certain Mark Hanna, qui avait « réussi le prodige  » de collecter l’équivalent de 3 milliards de dollars d’aujourd’hui pour faire élire William McKinley en 1896 : « Les trois choses les plus importantes dans la politique américaine sont l’argent et l’argent. J’ai oublié quelle était la troisième. » Bien vu. Le législateur contemporain, dans sa grande sagesse, a redonné toute son actualité à saillie de Mark Hanna : si les dons des particuliers sont plafonnés à 2.500 dollars, ceux des entreprises ne sont pas limités. Si bien qu’aux dires du journaliste suisse, 90% des énormes frais de campagne sont désormais assurés par moins de 100 hommes d’affaires, qui misent sur leur candidat comme vous le faites sur Belle de Mai pour le Prix de l’Arc de Triomphe. Sauf que s’agissant de milliardaires, le ticket est beaucoup plus élevé. Il est donc permis de supposer que les gains potentiels sont proportionnels à l’enjeu. La « plus grande démocratie du monde  », selon les allégations de l’Oncle Sam, a ainsi réussi le prodige de conditionner légalement la conduite des affaires publiques à ce qui est l’alpha et l’oméga de la métaphysique yankee : le fric. Voilà qui s’appelle avoir le courage de ses opinions. Heureusement que les Français ont une idée plus nuancée de la démocratie élective. Ce n’est pas chez nous que les entrepreneurs jetteraient leur argent dans l’arène politique. A moins d’être devenus de vieux milliardaires confits du yaourt.

La recette du jour

Deux fers au feu

La vie vous a gâté mais les joutes politiques vous gâtent le moral et menacent votre fortune. Financez la campagne des deux principaux candidats : l’addition est salée mais le retour sur investissement est excellent. Vous garantirez ainsi la pérennité d’un système que négligent pudiquement les traités constitutionnels : la démocratie monarchique.

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