Le contribuable en (...)

Le contribuable en apesanteur

L’exploration des espaces infinis, qui faisaient tant flipper Pascal, ne cessera jamais de nous passionner. Pas seulement pour tenter de découvrir une planète susceptible d’accueillir les derniers survivants de notre espèce, quand nous serons parvenus à rendre invivable notre bonne vieille Terre. Il y a aussi tout ce que l’on peut faire de là-haut et qui serait impossible depuis le plancher des vaches. Les satellites ont bouleversé les techniques de communication, de localisation et d’observation : n’importe qui, ou presque, peut surveiller de son fauteuil le trajet de votre footing matinal, ou la tonte de votre pelouse. Tout cela coûte cher, bien entendu. Ce pourquoi la Nasa américaine se sent quelquefois obligée de raconter des carabistouilles pour drainer de nouveaux financements. Et chez nous, son homologue le Cnes s’emploie à commercialiser des applications vers le grand public. Comme la chasse au trésor par satellite, une technique qui révolutionne la recherche des œufs de Pâques dans le jardin de Grand-Père. Mais ce n’est pas suffisant : avec l’institution de la « règle d’or » dans les finances nationales, tout établissement public se doit de générer le maximum de ressources.

En vertu de ces obligations épicières, le Cnes vient de promouvoir un nouveau service qui sera opérationnel dès l’année prochaine. Il sera alors possible à tout aventurier en charentaises de découvrir la sensation d’apesanteur à une altitude modeste, sans être obligé de quitter l’attraction terrestre. Enfin, tout le monde n’y aura pas accès : au prix de 272 euros la seconde d’extase, il n’y a guère que les extras du Sofitel de New-York, réservés aux hauts-fonctionnaires internationaux, qui soient sensiblement plus coûteux. Mais enfin, Le Figaro trouve que c’est une idée de cadeau originale pour ceux auxquels on ne sait quoi offrir, parce qu’ils ont déjà tout. Eh bien non, justement : ce n’est pas original. On ne voudrait pas critiquer notre agence spatiale, où pullulent les cerveaux ingénieux. Mais le Cnes s’est fait doubler par l’Administration fiscale, plus prompte à dégainer son offre auprès des citoyens qui ont déjà tout : les nouveaux impôts vont tellement délester les portefeuilles que les contribuables bien nantis vont se retrouver en état d’apesanteur pour un temps indéfini. Mais pour plus de 22 secondes, en tout cas.

La recette du jour

Solidarité et pesanteur

Grâce aux avancées remarquables de la technologie fiscale, votre Gouvernement vous offre les moyens de voler plus léger vers la solidarité. Cela vous intéresse, bien sûr. Mais faites quand même vos comptes. Si le coût vous paraît prohibitif, retranchez-vous au Sofitel de New-York. Ou prenez la première navette pour la Lune, et restez-y.

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