Le hamburger robotisé

Le hamburger robotisé

Le suspense sur l’avenir de la sidérurgie lorraine va-t-il s’achever ce week-end ? C’est apparemment ce que souhaitent les syndicats ouvriers, qui pressent l’Etat de prendre en mains le site de Florange. Pendant que le Medef s’étrangle d’indignation face à l’hypothèse d’une « nationalisation », une pratique considérée comme hérétique sous le régime du capitalisme de marché : l’Etat n’a pas sa place dans les grandes firmes. Sauf s’il s’agit de transfuser des banques exsangues, pour des montants qui permettraient d’acquérir toutes les aciéries de la planète. Mais ce n’est pas la même chose : la faillite d’un établissement de crédit met en péril tous ses confrères. La fermeture d’un site industriel, au contraire, renforce ceux qui demeurent. Au cas d’espèce, le premier aciériste du monde a bien besoin de resserrer la voilure : comme la plupart des multinationales, il est surtout riche de ses dettes, ce qui n’est pas très confortable en période de basse conjoncture persistante. Autant dire que c’est plutôt une bénédiction d’être exposé à la « menace » d’une expropriation partielle.

Le principal problème, on l’a compris, est celui de l’emploi. Voilà des décennies que l’on a dû délocaliser des pans entiers de l’industrie, pour les raisons évidentes que chacun connaît. Voilà des décennies que notre jeunesse a renoncé aux études d’ingénieur, envahi les facs de sciences sociales et assiégé Sciences Po, qui fabrique à la chaîne des cohortes de spécialistes de la généralité. Autant de formations destinées à irriguer la « société de services », étape darwinienne qui suit, paraît-il, l’évolution normale de la société industrielle. Mais tout le monde ne peut devenir trader (les machines s’en chargent désormais), journaliste (les logiciels produisent aussi bien l’information Pravda), ni caissière de supermarché (le client les remplace). Restaient encore les postes de « polyvalent » des chaînes de fastfood – les plus gros employeurs du monde. Eh bien, ces perspectives vont s’évanouir. Une start-up de San Francisco vient de mettre au point le robot-cuisinier, capable de dépoter tout seul autant de hamburgers qu’une brigade de gâte-sauce. Avec le nombre d’emplois qui disparaissent, ne reste plus qu’un job prometteur : fabriquer de la fausse monnaie. Mais la place est déjà prise par la FED américaine…

La recette du jour

Formation à la baguette

Vous êtes en âge de choisir une orientation pour vos études. L’ingénieur a de l’avenir, certes, mais vous êtes fâché avec les sciences exactes. Préparez-vous au métier de marchand de rêves, un marché qui ne sera jamais saturé. Evitez Sciences Po., qui a perdu de sa magie. Choisissez plutôt une bonne école de sorcellerie.

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