Le surpoids et la loi

Le surpoids et la loi

Les autorités belges sont inquiètes : le pays est en passe de surclasser les Etats-Unis. Pas en termes de chienlit politique : sur ce terrain, le Royaume est plutôt en avance sur l’Oncle Sam. Mais l’american way of life constitue depuis longtemps un modèle fascinant pour la Belgique. Pas étonnant qu’elle écope des dommages collatéraux qui lui sont attachés : en particulier, l’obésité infantile progresse dans des proportions alarmantes. Au point que le thème de la malbouffe à l’école revient sur le tapis, à la faveur d’un rapport récent de l’ONU qui dénonce la négligence coupable des gouvernements en la matière, ainsi que l’irresponsabilité de l’industrie agroalimentaire. Et qui suggère de taxer en rond tout manquement à la diététique. On songe ici à l’un des protagonistes du film Pulp Fiction, qui narre les outrances gastronomiques à son retour d’Europe : « Tu sais ce qu’ils prennent avec leurs frites, à la place du ketchup ? De la mayonnaise !!! ». Le tout arrosé d’une large rasade de bière, doit-on rajouter, qui remplace avantageusement le soda sur le parcours de la surcharge pondérale.

On se sait si les frites-mayonnaise sont une constante du menu des écoliers belges, mais c’est peu probable. En revanche, il n’est pas douteux que prolifèrent, dans les écoles, les distributeurs de confiseries, sodas et autres en-cas diaboliques. Lesquels contribuent davantage à l’obésité que le mauvais équilibre éventuel des plats de la cantine. Curieusement, le gouvernement ne cesse de repousser toute décision sur ce sujet : il serait pourtant facile d’interdire l’offre de ces poisons sucrés dans l’enceinte scolaire, faute de pouvoir prohiber l’allocation d’argent de poche aux mouflets. Mais ce serait sans doute fâcher l’industrie mondiale du sucre et du gras, plus puissante encore que celle de l’armement. Demeure une solution qui ne pénaliserait pas le commerce, sans porter atteinte à la sveltesse des têtes blondes : remplir les distributeurs de yaourts nature et d’endives à la vapeur. Une telle stratégie arrangerait bien les producteurs français. Car notre Autorité de la concurrence est soudainement prise de frénésie. Hier, elle assommait les fabricants de croquettes animales ; aujourd’hui, elle tombe à bras raccourcis sur l’industrie laitière, après avoir allumé les endiviers, tous convaincus d’entente sur les prix. Cet activisme forcené est très obligeant à l’égard du consommateur, mais si éleveurs et horticulteurs ne peuvent plus gagner leur vie, nous serons bientôt contraints de nous nourrir exclusivement de mayonnaise sans frites et de confiseries vitaminées. La concurrence emporterait assurément une grande victoire. Mais pas la santé publique.

La recette du jour

Maigrir sans souffrir

Vous avez imprudemment laissé vos enfants adopter le belgian way of life. Vous pouvez rattraper le coup sans attiser la haine de votre progéniture. Adoptez les principes de la chrononutrition : frites-mayonnaise au petit-déjeuner, chicons à la flamande au déjeuner, biscuits et fruits au gouter et yaourt nature au dîner. Vous préservez ainsi la santé du monde agricole et celle de vos mouflets.

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