Le team de la 25e heure

Le team de la 25e heure

Pas facile, aujourd’hui, le travail en équipe. C’est que la compétition est rude. Dans les entreprises, les cadres passent la moitié de leur temps à protéger leurs petites fesses des ambitions de leurs subalternes, et l’autre moitié à déjouer les pièges assassins de leurs supérieurs. Ils doivent prendre sur leurs heures de sommeil pour combattre la concurrence des autres firmes. Sur les terrains de foot, personne ne sait plus à qui passer le ballon, par crainte de voir son équipier marquer contre son camp. Ou par hantise de prendre un carton rouge, sous l’arbitraire d’un arbitre stipendié. Au sein des gouvernements, ce n’est guère plus confortable : il faut courtiser chacun et se méfier de tous. Il faut trouver les moyens de faire bouillir la marmite sans écœurer ses concitoyens. Certains y parviennent avec brio. Voyez la Belgique : le fumet de son brouet fiscal attire les grosses légumes voisines. Et pour retaper les comptes de la Poste, minés par la baisse continue du volume de courrier, le ministre concerné vient d’inventer le timbre à la gomme de chocolat. Une façon d’exploiter la régression du contribuable vers la petite enfance. On suggère de produire des alcootests en forme de tétine et d’imprimer les déclarations d’impôt sur des Pampers. En langage areu areu.

Pour en revenir aux gouvernements, il résulte de cette situation que former une équipe relève désormais de la mission impossible. Les membres du team s’écharpent entre eux et les citoyens veulent la peau des survivants. Si bien que la Tunisie, après d’autres, se résout à constituer une équipe dirigeante avec des «  technocrates apolitiques ». Confirmant ainsi que la vie publique est une affaire trop sérieuse pour être confiée aux politiciens. Avec un peu de patience, on verra bientôt fleurir le ministre bionique, ultime brique de l’évolution darwinienne du gouvernement démocratique. Un ectoplasme qui illustrera la 25ème heure de C. Virgil Gheorghiu, « celle qui vient après la dernière heure, celle où même la venue d’un messie ne changerait rien, car une société technocratisée ne peut créer de l’esprit : elle est par conséquent livrée aux monstres ». Par comparaison, l’Enfer de Dante est une cour de récréation.

La recette du jour

Ministre RoboCop

Vous êtes intéressé par la vie publique mais la bataille des idées vous ennuie et la compétition politique vous effraie. Faites-vous remplacer la peau par un blindage d’acier, les poumons par un soufflet de forge, le cœur par une horloge suisse et le cerveau par un tiroir-caisse. Vous aurez le profil du ministre RoboCop, dirigeant idéal du futur proche.

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