Le travail, c'est capital

Le travail, c’est capital

Voilà une sage disposition parfaitement démocratique : il y aura, le 14 mars, un référendum sur les congés payés. Afin de décider s’il faut porter leur durée de 5 à 6 semaines. Selon les premiers sondages, le « non » devrait l’emporter largement. Ne soyez pas étonné de ne pas avoir été sondé : ce sont les Suisses qui seront interrogés, pas les Français. Dans notre pays, encore imprégné de l’odyssée du Front populaire, tout aménagement substantiel du temps de travail ne peut résulter que des « luttes sociales ». Chez nous, on aime bien prendre une Bastille de temps en temps ; on aime bien les frissons de la castagne ; on ne croit pas à la fin de la lutte des classes, partageant en cela le sentiment du célèbre milliardaire américain Warren Buffet, qui a déclaré l’année dernière : « Il y a une lutte des classes aux Etats-Unis, bien sûr, mais c’est ma classe, la classe des riches, qui mène la lutte. Et nous sommes en train de la gagner ». Ce que l’on apprécie le plus chez Warren, c’est son aversion pour la langue de bois.

En dépit des effets de la globalisation, il faut bien observer que le rapport au travail, ainsi que les relations entre salariés et employeurs, demeurent encore très différents selon les pays. Pour mieux comprendre les particularités suisses, il faut lire ici un petit historique des congés payés helvétiques. Où l’on apprend que lors de l’introduction des deux semaines légales de congés (en… 1964), les syndicats durent batailler contre leurs adhérents qui allaient travailler en catimini pendant les vacances. C’est que demeure en Suisse l’idée générale que les congés encouragent l’oisiveté, mère de tous les vices. Indépendamment du fait qu’ils accroissent le coût du travail, ce qui est avéré, et nuiraient ainsi à la compétitivité des firmes, ce qui est critiquable. Car il est depuis longtemps démontré que de longues plages de repos sont indispensables à l’équilibre de l’individu. Lequel revient de ses vacances gonflé à bloc, améliorant ainsi sa productivité. Il ne faut donc pas accuser les congés de nuire à la rentabilité. Mais si l’on s’en tient à la mesure du pouvoir d’achat, force est de constater que la perception suisse des vertus du travail, imprégnée de calvinisme, constitue un facteur évident de prospérité. Autant que l’on sache, le niveau de vie des Suisses dépasse celui de n’importe quel Etat de l’Union. Il est vrai que dans ce pays, comme l’a écrit John le Carré, « il est interdit d’être pauvre  ». Et « interdit d’être étranger  », a-t-il ajouté. Voilà sans doute pourquoi les Français aiment y loger leur argent, qui est apatride. Et continuent sagement d’habiter au paradis des congés payés.

La recette du jour

Gestion des conflits

Vous êtes chef d’entreprise et continûment harcelé par vos salariés, qui vous accusent de les maltraiter. Choisissez la voie de la pédagogie et délocalisez vos effectifs en Suisse. Offrez-leur les conditions de travail locales et des salaires français. Normalement, ils ne tarderont pas à vous supplier de les rapatrier dans l’enfer français des congés payés.

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