Les services et le (...)

Les services et le papillon

Bon, on ne voudrait pas se montrer trop ronchon en début d’année, puisque les conventions exigent que l’on soit en ce moment aimable et souriant à l’égard de ses contemporains, auxquels on distribue mille promesses de bienfaits et de joies parfumées. Mais bien qu’il se soit aujourd’hui levé de bon pied et dès potron-minet, votre serviteur a failli perdre la patience inaltérable que connaissent ses chats, eux qui tentent obstinément de squatter son clavier ou d’obscurcir l’écran de son PC. Il a ce matin failli perdre l’humeur égale à laquelle il s’oblige en parcourant le flux d’une actualité continument déprimante. Car à matines, point de réseau. Le phénomène n’est pas exceptionnel pour quiconque a choisi d’abandonner la grande ville au profit de la pampa : aux yeux des opérateurs, seuls les abonnés des conurbations sont respectables. Les autres sont d’encombrants et coûteux péquenots. Ainsi donc, las d’attendre, on a appelé la hot line du fournisseur d’accès. Lequel a aimablement confirmé qu’il y avait un problème et que le flux serait rétabli quelque part entre le petit-déjeuner et l’apéritif. Puis au plus tard au dîner. En enfin à l’heure du souper… du lendemain. Pour confirmer le soin porté à notre requête, il nous a envoyé un texto donnant l’adresse… du site internet où suivre l’évolution du dossier. Merci de l’info, coco : elle nous sera drôlement utile quand le réseau sera rétabli. S’il l’est un jour. On a cru sur le moment à la résurrection de Raymond Devos.

Nous sommes tous habitués à utiliser des services performants, même si leur coût est souvent prohibitif. Si bien que l’on a ce matin cauchemardé un tantinet. En imaginant ce que serait notre quotidien, si la chienlit ambiante provoquait la déliquescence des innombrables services que nous considérons désormais comme allant de soi : du pain chez le boulanger, des épices chez l’épicier, de l’essence à la pompe, de l’eau au robinet, du café chez le bistroquet et du courrier dans la boîte aux lettres. Pour le courrier, on peut s’en passer ; il n’y a guère que les Impôts qui l’utilisent encore. Mais pour le reste, ce serait d’évidence assez compliqué. Il suffit d’observer les conséquences d’une simple perturbation dans les transports en commun pour se faire une petite idée du tableau. Le délabrement des services, c’est comme le battement d’ailes du papillon qui provoque un ouragan à l’autre bout du monde. Qu’ils foirent durablement et l’on finira par ne trouver que du vide dans les rayons du supermarché. Même avec une carte de fidélité…

La recette du jour

Communication d’avenir

Depuis que le téléphone et Internet ont envahi votre quotidien, vous n’imaginez plus ce que serait votre vie si vous en étiez privé. Réagissez pour prévenir un bug généralisé. Apprenez à communiquer par tam-tam et signaux de fumée ; dressez vos pigeons au voyage plutôt que de les boulotter. Si vous n’y parvenez pas, entraînez-vous au silence : vous éviterez au moins les mauvaises nouvelles.

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