Londres et ses légumes

Londres et ses légumes

Voilà enfin une bonne nouvelle : le Prince William et Kate vont avoir un bébé. Appelé à régner dans cinquante ou soixante ans, qu’il s’agisse d’un garçon ou d’une fille et quels que soient sa taille et son minois à l’âge adulte. Ce qui confirme le caractère éminemment démocratique de la monarchie britannique. Contrairement aux pratiques ordinaires de la hiérarchie en entreprise : il est depuis longtemps démontré que les hautes responsabilités et les gros salaires sont prioritairement accordés aux beaux gosses de grande taille, plutôt qu’à leurs homologues de basse altitude et aux femmes quelconques. Ce qui est du reste plus rationnel qu’il n’y paraît : il y aurait une corrélation entre la taille d’un individu et son QI. Car les très belles femmes épousent en priorité des hommes grands, intelligents et riches, assurant ainsi une descendance à leur image commune. Avec quelques aléas lorsque la ravissante épouse est une authentique dinde, exposant alors au risque de donner naissance à un grand dépendu d’andouille. Les lois de la génétique sont impénétrables. On se souvient du dialogue (authentique ou apocryphe) entre George Bernard Shaw, dramaturge et essayiste de génie mais homme de stature médiocre, et Isadora Duncan, splendide danseuse mais femme scandaleuse et un tantinet foldingue : « Faisons un enfant ensemble, lui dit-elle ? : avec ma beauté et votre intelligence, il sera merveilleux ». Ce à quoi Bernard Shaw répondit : «  Et si c’était l’inverse ?? » ?

Avec le mètre quatre-vingt-dix du Prince William et la joliesse de Kate, avec la stature d’officier et la sagesse de Conseiller d’Etat de son père, avec l’humour héréditaire de sa mère (dont les parents ont fait fortune dans les accessoires de fête et sont les premiers producteurs britanniques de langues de belle-mère), l’enfant à naître devrait présenter les qualités nécessaires pour justifier sa légitimité. Car les Anglais ne plaisantent pas avec les normes et l’apparence. Qu’il s’agisse de tambouille royale ou de leur brouet quotidien. Pour preuve, il a fallu une série inhabituelle d’intempéries pour convaincre les grands distributeurs anglais de renoncer à leurs principes d’airain. Et de garnir leurs étals de légumes mal foutus, ordinairement sacrifiés à l’alimentation animale ou au prolétariat urbain. Connaissant l’obsession british pour le protocole, il faut que la situation légumière soit vraiment tendue pour qu’ils aient ainsi apostasié leur culte du convenable. Surtout à l’approche des fêtes. A ce rythme, les Cassandre auront peut-être raison, qui pronostiquent l’imminence de pénuries alimentaires dans les nations dites nanties.

La recette du jour

Légumes à l’anglaise

Vous entretenez avec constance votre jardin potager. Ne désespérez plus des fantaisies de la nature, qui produisent des carottes tordues, des navets rachitiques et des choux défrisés : vous les fourguerez sans peine aux supermarchés anglais. Quant à vos légumes élégants, ils honoreront à prix d’or la table des Windsor : vous pourrez devenir fournisseur attitré de Sa Majesté. Jusqu’à la fin de la crise, c’est-à-dire jusqu’à la Saint-Glinglin.

deconnecte