Mars, ça repart

Mars, ça repart

Imaginez que vous ayez des responsabilités importantes à la NASA. Oui, l’administration américaine en charge des questions spatiales, des satellites, des navettes galactiques et plus généralement du rêve immémorial de l’espèce humaine : la connaissance de l’Univers. Imaginez que votre ancien Président, pressé par de basses contingences terrestres, ait déjà laminé vos crédits de fonctionnement. Et que, pas de bol, il ait été reconduit pour un nouveau mandat : vous craignez d’en être réduit à jouer avec des pétards de carnaval. Il vous faut donc entretenir l’enthousiasme médiatique pour le travail formidable et prometteur de vos équipes. Formidable, certes, mais très coûteux. Ce serait donc opportun que l’Etat fédéral ne tarde pas trop à relâcher les cordons de sa bourse et que, le cas échéant, les investisseurs privés soient alléchés par des parfums de gros profits. Comme on n’attire pas les mouches avec du vinaigre, il vous faut un scoop. Mais vous n’en avez pas sous la main. Alors, vous en inventez un.

Justement, vous avez en rayons une mission récemment revenue de Mars avec quelques bricoles dans le cabas. Tout n’a pas encore été analysé, loin s’en faut. Mais dans le lot, ce serait bien le diable si l’on ne trouvait pas quelque chose d’inattendu. C’est une simple affaire de statistiques. Vous convoquez la presse et, les yeux brillants, vous suggérez que vos gars sont peut-être sur le point de trouver un truc énorme. Mais vous ne pouvez en dire davantage tant que les procédures ne sont pas validées. On est des scientifiques, vous comprenez, pas des camelots de foire. En attendant une confirmation hypothétique, le rêve fait son chemin et vos espérances budgétaires sont singulièrement revalorisées. Les Américains se font toujours piéger à ce petit jeu, alors que nous autres Français sommes largement vaccinés. Voyez par exemple le cas de ce scrutin récent -un vote à blanc sans aucune incidence sur la vie du pays. Une kermesse politique que les factions appellent « primaire ». Eh bien, figurez-vous que l’on a, un peu partout, comptabilisé plus de bulletins que de votants. Et dans certains cas, le contenu des urnes a même disparu dans sa totalité. Croyez-le si vous voulez, mais personne n’a été étonné, bien que ces phénomènes soient totalement inexplicables par les lois de la gravitation électorale. Vous comprenez que dans ces conditions, les Yankees peuvent toujours prétendre avoir trouvé des cailloux extraordinaires sur Mars. On sait bien, nous autres, que c’est du flan : ils ont bourré les soutes.

La recette du jour

Science et médias

Vous êtes passionné par les questions de santé mais vous avez raté trois fois votre première année de médecine. Car ces études sont difficilement compatibles avec les compétitions de poker et la fréquentation assidue des discothèques. Inventez la discothérapie et annoncez une probable découverte renversante. Vos parents continueront de vous subventionner sans broncher.

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