Moins un A, plus deux

Moins un A, plus deux pandas

Il aura donc fallu cinq ans de tractations pour conclure le contrat de bail accordant à un zoo français la pension de deux pandas chinois. Une location qui devrait conforter la notoriété du parc animalier et garantir sa prospérité pour les dix ans à venir. D’autant plus si les deux stars avaient la bonne idée d’assurer chez nous leur descendance : en droit coutumier, le croît du troupeau revient à l’usufruitier. L’affaire n’est pourtant pas gagnée d’avance. L’expérience démontre qu’en captivité, cette espèce ne se reproduit qu’avec de grandes difficultés. A cause des mâles, figurez-vous. Comme ils disposent de leur nourriture à portée de pattes, ils perdent l’habitude de l’effort. Y compris celui de s’accoupler, même avec une femelle émoustillante sur l’oreiller. Dans la culture panda, l’Etat-providence est une calamité pour la survie de l’espèce. C’est le contraire dans la branche sapiens sapiens des hominidés : si vous les entretenez dans l’oisiveté, ils ne pensent qu’à batifoler. Voilà pourquoi la Chine a renoncé à l’Etat-providence et préféré instaurer la limitation des naissances. En foi de quoi la science économique chinoise doit-elle beaucoup à l’observation des pandas.

Il aura fallu une trentaine d’années de gestion calamiteuse à la France pour qu’elle perde son tripe A, sans avoir à signer de contrat. Notre pays va donc devoir payer plus cher la location de l’argent, dans son nouvel état de captivité des marchés financiers. En dépit des avancées de la science, nul ne peut prédire la durée de son bail avec le statut de nation impécunieuse. Tout laisse accroire cependant que cette situation pourrait durer longtemps. Car il est une constante attestée dans l’observation de l’activité humaine : plus longue est sa vie dans l’erreur, plus long est le purgatoire pour s’en extirper. Surtout sous l’œil des juges implacables que sont les agences de notation et sous la contrainte des geôliers féroces que sont les créanciers. Au plan symbolique, la dégradation de notre pays emporte un choc culturel d’importance : elle dynamite le complexe de supériorité que les autres nations, non sans bonnes raisons, reprochent à la France, taxée d’une insupportable arrogance. Nous rejoignons désormais le peloton des gens ordinaires, soumis aux contraintes ordinaires dont nous pensions être exonérés par notre grandeur héritée. C’est dur de devenir captif des réalités…

La recette du jour

Vie de panda

Vous craignez, sous de justes motifs, que la vie ne devienne difficile depuis que les notateurs nous ont sucré notre héritage de grandeur. Passez sans tarder un contrat avec un zoo chinois : échangez votre captivité contre de bons soins et une pitance raffinée. Car mieux vaut être prisonnier et bien nourri que libre et soumis à la pénurie.

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