Première leçon des J.O

Première leçon des J.O

Ce doit être un grand stratège, le père Cameron – pas James le cinéaste mais David, celui qui est à la tête du gouvernement de Sa Très Gracieuse Majesté. Un Premier ministre tellement concentré sur son job qu’il en oublie sa fille au pub. Un stratège qui a aimablement exhorté les entreprises françaises à établir leurs pénates chez lui, pour échapper à une imposition assassine de leurs dirigeants. L’invitation n’est pas très fair play, convenons-en. Mais la perfide Albion est coutumière des vacheries à notre égard et, de toutes façons, David n’a pas suivi la filière diplomatique. Le fait le plus saillant de son CV est d’avoir, lorsqu’il étudiait à Oxford, été un membre assidu du Bullingdon Club, qui réunit les fils de famille aimant se distinguer dans des beuveries destructrices pour les bars et restaurants où elles se produisent. Heureusement, papa paie la casse et la justice se montre bienveillante à l’égard des jeunes gentlemen.

Mais revenons à l’Angleterre. Ce serait en effet très facile pour le pays d’accepter de loger de nouvelles firmes, à cause de l’entraînement que subissent déjà les entreprises autochtones. Celles de la finance, notamment, qui à Londres sont établies à Canary Wharf, le quartier d’affaires où sont employées plus de 100.000 personnes. Auxquelles il a été demandé de faire le maximum pour travailler depuis chez elles, pendant la période chahutée des Jeux olympiques : le stade se trouve desservi par la même ligne de métro que Canary Wharf. Il en résulte que les Britanniques se placent en bonne position pour mériter de nouveau la médaille d’or de la domiciliation d’entreprises : celles qui n’ont qu’une équipe très réduite sur place, voire une simple adresse postale, et dont les effectifs oeuvrent à distance un peu partout dans le monde, grâce à la magie de la technologie moderne. On comprend sans peine pourquoi Londres continue de s’opposer farouchement à tout processus d’harmonisation fiscale en Europe : les gentlemen de la City sont tous, ou presque, passés par le Bullington Club. Ils aiment bien casser les pieds de leurs contemporains sans avoir à payer les dégâts.

La recette du jour

Oxford et le business

Il se murmure dans votre dos que vos enfants sont mal élevés. Ce n’est pas impossible : l’éducation est une véritable épreuve. Pour les parents, s’entend. Faites de vos faiblesses un atout pour votre progéniture : inscrivez-la à Oxford avec obligation de fréquenter le Bullington Club. Vos enfants se feront au moins des relations avec le gratin des affaires de demain.

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