Régimes d'été

Régimes d’été

Vous en rêviez, les chercheurs l’ont inventé : le repas « le plus sain du monde ». Evidemment, l’histoire va faire ricaner dans les chaumières, car on doit ce miracle du mariage parfait entre les exigences diététiques et les canons gastronomiques à des scientifiques… anglais. Lesquels, nous dit MaxiSciences, ont phosphoré pendant plusieurs années pour parvenir au résultat qu’attendait d’eux leur commettant (une compagnie d’aviation soucieuse de ne pas empoisonner ses clients, l’intention est louable). Il en résulte un menu-panacée avec lequel vous conserverez votre ligne, si l’on ose dire, en vous régalant d’une terrine de saumon, d’un ragoût de poulet et d’un fromage blanc. On ne voudrait pas critiquer avant d’avoir goûté, mais le saumon d’élevage a une réputation sulfureuse, le poulet industriel est une horreur patentée et dans le fromage blanc « allégé », même la blancheur est suspecte. Il n’y a que les Anglais pour oser nous vendre l’idée d’un repas sain avec de tels produits.

On doit donc s’intéresser à la méthodologie de recherche. Elle est assez conforme à l’esprit des temps présents : la compilation. Nos « scientifiques » ont réuni les publicités des industriels vantant les vertus de leurs produits en termes de santé. Et ils ont testé. Si les patients ne mourraient pas, au moins pas tout de suite, alors le produit était retenu. Dans le cas contraire, il était rejeté. Le tout était accompagné des tests de goût auprès des consommateurs, bien entendu. Car le patron de l’équipe de chercheurs en cause fait cette observation d’une grande finesse scientifique : « Peu importe qu’elle soit saine : si la nourriture n’a pas bon goût, elle ne se vendra pas ». Bien vu, coco. Retenez bien son nom : il s’agit du Dr Paul Berryman. Il sera probablement consulté bientôt par tous les gouvernements de la planète, confrontés à la même approche scientifique : chacun essaie de piquer aux autres les recettes qui ont eu du succès. L’ennui, c’est que les réussites d’antan ne marchent plus sur les citoyens-gastronomes contemporains, devenus difficiles. Voilà pourquoi les autorités essaient, comme Ducros, de se décarcasser. D’accord, leurs nouvelles pâtées ne feront grossir personne, au contraire. Mais elles sont immangeables, voyez-vous. Si bien que pour les vendre à l’opinion, ce n’est pas coton.

La recette du jour

Carême à l’anglaise

Vous n’êtes pas ministre mais vous devez quand même envisager des économies budgétaires. Prenez prétexte de la proximité des vacances estivales pour mettre au régime tous les membres de votre famille. S’ils renâclent, menacez-les de les déporter dans une compagnie d’aviation anglaise. Ça devrait les calmer.

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