Retour des urnes

Retour des urnes

Bon, voilà, c’est fait : on en a chez nous terminé pour quelque temps avec les élections, qui bousillent l’emploi du temps de nos dimanches et nous empêchent d’aller passer le week-end à Acapulco, où la saison estivale est largement entamée (bien que le temps y fût, hier, très orageux, et la baignade déconseillée, soit dit en passant). Notre pays s’étant doté d’une nette majorité en phase avec le drapeau élyséen, il ne sera pas nécessaire de marier la carpe au lapin pour gouverner. Pas comme les Grecs, qui ont de justesse donné l’avantage à sa faction droitière sous les hourras de la presse internationale, soulagée de voir évincés les prolos anti-rigueur : pour gouverner, les vainqueurs doivent envisager une coalition avec la gauche traditionnelle, c’est-à-dire très exactement la même configuration que celle qui prévalait avant que ne soit décidé le retour aux urnes. Mais l’interprétation a changé de cent quatre-vingt degrés : ce sont les miracles de la communication.

Ainsi donc, l’union nationale grecque, qui était impossible voilà quelques semaines, devient aujourd’hui évidente pour le monde entier. A croire que tous ont été impressionnés par le signal venu des Etats-Unis : Mitt Romney, le candidat républicain à la présidence, est intervenu hier dans le débat politique européen (en toute illégalité, vu que la campagne était close) : « Nous n’allons pas envoyer de chèques à l’Europe. Nous n’allons pas renflouer les banques européennes. Nous allons rester ici pour soutenir notre économie », a-t-il déclaré, accréditant cette conviction très yankee que les Américains ont le pouvoir de résoudre n’importe quel problème, pour peu qu’ils en aient la volonté. On ne voudrait pas vous faire de la peine, Mitt, mais il serait temps d’atterrir. Il serait temps, également, que vous preniez la juste mesure de la santé des States : vos banques sont plus miteuses encore que les nôtres. Et votre pays au moins aussi décavé que les nations européennes, prises ensemble ou séparément. Alors s’il vous plaît, M. Romney, occupez-vous plutôt de préparer votre Congrès à un gouvernement d’union nationale : vous ne réchapperez pas, vous non plus, au syndrome athénien. Celui consistant à renoncer à tout clivage partisan pour tenter de sauver les meubles. C’est la seule option qui se présente lorsque la situation est désespérée et que même les meubles sont hypothéqués.

La recette du jour

Richesse virtuelle

Vous êtes dans les affaires et comme tout le monde confronté aux difficultés des temps présents. Ne baissez pas la tête, au contraire. Faites comme l’Allemagne ou les Etats-Unis : annoncez urbi et orbi que vous n’avez pas l’intention de secourir la terre entière. Vous pourrez ainsi maintenir l’illusion que vous avez les moyens de faire ce que vous ne ferez pas.

deconnecte