Robinson et le Père (...)

Robinson et le Père Noël

Ils sont émouvants de naïveté, les journalistes. Enfin, pas tous : il faut exclure les professionnels français, qui sont parfaits comme chacun sait. On veut surtout parler des journalistes américains, et en particulier de ceux qui officient à la télé. Leur longue pratique du brouet propagandiste, que les Yankees avalent patiemment entre deux pizzas et quatre sodas, leur a fait accroire que tout ce qu’ils disent à l’écran est pris pour argent comptant. C’est insensé bien sûr ; et pourtant, il semble bien que ce soit vrai. En témoigne cet « incident » récent sur la chaîne de Chicago. La présentatrice, vieille routarde du JT, discourait avec son invité des cadeaux que les enfants attendent pour les fêtes de fin d’année. Et voilà que tout à trac, elle lâche un méchant scoop : « [les enfants] savent que leurs parents ne peuvent pas se permettre tous ces cadeaux, alors que font-ils ? Il suffit de s’adresser à un bonhomme dans un costume rouge. Mais le Père Noël n’existe pas !  ». Vous voyez d’ici le tableau. On ne sait qui a protesté le plus fort contre ce négationnisme pernoélien, entre les associations de commerçants menacés par une grève du jouet, et les parents qui ont habillé en vain un sapin pour leurs bambins. En tous cas, l’affaire a fait un sacré ramdam et la journaliste a dû se résoudre à des excuses publiques. Mais le mal était fait : à Chicago, le Père Noël est dézingué. Bonjour les statistiques du chômage hivernal.

Grâce au ciel, ou à ce que vous voudrez, on ne parvient pas en Europe à capter le JT de Chicago. Il est facile d’imaginer que les propos de la Robinson – tel est le nom de la cafteuse – eussent produit des ravages sur la psyché de nos autorités, tout enfiévrées qu’elles sont à la veille d’un énième sommet de la dernière chance. Duquel il est, à ce jour, clairement établi qu’aucune solution satisfaisante ne peut émerger. Sauf un miracle auquel personne n’ose plus croire – ils ont déjà donné. Si bien que tous, ou presque, passent leur temps à lustrer leurs charentaises, dans l’espoir innocent que le Père Noël y déposera la solution aux problèmes pendants. C’est émouvant. Car il ne faut guère compter sur la tantine teutonne, la seule qui ait encore les moyens d’égayer le Noël européen. Elle serait plutôt du genre de la Robinson, à houspiller ceux qui ne veulent pas comprendre que le Père Noël est devenu radin par nécessité. On la comprend, car les statistiques sont formelles : les Allemands limiteront cette année leurs cadeaux à des chocolats. Des chocolats suisses – la Suisse est le seul endroit où ils aient encore des économies.

La recette du jour

Noël à petit prix

La fin d’année approche et vos mouflets ne cessent d’allonger la liste pour le Père Noël. Au point de mettre en péril le magot que vous avez planqué où-vous-savez. Associez-vous à ceux de vos amis qui sont dans le même guêpier et stipendiez la belle Ferrari. Pour qu’elle annonce au JT que le Père Noël a été démasqué : c’est le Père Madoff. Et il a confisqué tous les jouets.

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