Rome et la confirmation

Rome et la confirmation

Quel sera le profil de la prochaine loi de Finances ? Le sujet vous préoccupe et c’est bien compréhensible. Pour obtenir une réponse circonstanciée, il fallait être hier à Rome et assister à la conférence de presse qui a suivi la rencontre de notre Président avec Mario Monti. Oui, c’est déjà le troisième tête-à-tête depuis son accession à l’Elysée : ils sont devenus très potes, voyez-vous, car Monti est un boute-en-train inégalable. Son histoire préférée : « Vous connaissez l’histoire du fou qui repeint le plafond de la Chapelle Sixtine ? » Tordant. Enfin, bon. Où en étions-nous, déjà ? Ah oui : la loi de Finances. Vous vous demandez ce que vient faire le projet de budget français dans un déjeuner, à Rome, entre deux dirigeants européens réunis pour casser du sucre sur le dos de Merkel. Ben, nous aussi, on se le demande. Mais c’est sans doute la faute au journaliste français qui a posé la question. A laquelle il a été répondu que le budget 2013 se caractérise par « une stabilité des dépenses et des effectifs de la fonction publique » ainsi que par « une réduction des déficits ». Seulement voilà, pour équilibrer l’équation, il manque un facteur : la volée d’impôts, que notre Président a pudiquement omis de signaler, ce petit cachotier. Mais il est vrai qu’à l’étranger, il est interdit à un homme d’Etat de dire des grossièretés.

Après un tel scoop, il est légitime de se demander à quoi rime le ballet incessant de rencontres bilatérales entre cinq membres (Allemagne, Espagne, Italie, Angleterre et France), quand le sujet de l’euro concerne directement dix-sept Etats – et pas la Grande-Bretagne, notez-le bien. Heureusement, les services diplomatiques de l’Elysée nous apportent une réponse lumineuse : il s’agissait, pour la France et l’Italie, de « réaffirmer leur volonté de s’impliquer activement dans la mise en œuvre des mesures adoptées » au sommet européen de fin juin. Ah bon, c’était donc ça : une sorte de confirmation, comme le sacrement de l’initiation chrétienne. La foi commune dans les engagements pris lors du « sommet de la dernière chance », cette foi est si fragile que les principaux leaders doivent se soutenir mutuellement pour ne pas retomber dans le péché. Un peu comme les Alcooliques anonymes ou les Weight watchers : il leur faut se réunir souvent pour se remonter le moral. On comprend mieux pourquoi notre Président va beaucoup plus souvent à Rome qu’à Berlin : la cuisine italienne, il n’y a rien de tel pour voir la vie en rose. Surtout quand on croit pouvoir refiler l’addition aux Allemands.

La recette du jour

Gestion à la romaine

Vous avez d’importantes responsabilités. Réunissez dans un faitout vos soucis, vos dettes, les récriminations du personnel, les factures des fournisseurs, les notes de gaz, les appels d’impôts et un raton laveur, en hommage à Prévert. Arrosez le tout d’une bonne pinte de dédain et mettez au congélateur. Puis partez déjeuner à Rome. Si vous parvenez à éviter Monti, vous reviendrez ragaillardi.

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