Sam le brasseur

Sam le brasseur

Dans le pays où la vie politique se veut la plus transparente au monde, mais où le moindre secret de polichinelle attise une paranoïa galopante, l’affaire devait fatalement éclater un jour ou l’autre. Car aux Etats-Unis, la pratique quotidienne de l’excellence démocratique exige que les populations soient informées, en temps réel et même plus rapidement, de tout ce qui peut améliorer son ordinaire. Ce qui n’est pas toujours facile, convenons-en : par exemple, l’administration actuelle a du ferrailler pendant trois ans pour informer le public de la généralisation de l’assurance maladie. Un système révolutionnaire qui n’exclut pour l’heure que les 18 millions d’Américains – ceux qui n’ont pas de téléviseur. Pas mal, non ? Voyez même en Floride, où il est question de commuer systématiquement la peine de mort en détention à perpète (ça coûte moins cher). Si ça se trouve, l’ingéniosité de cet Etat ira jusqu’à abolir purement et simplement la peine de mort, ce qui devrait en plus générer des gains substantiels de popularité. Sont vraiment impressionnants, ces Yankees.

Mais revenons au fait. Une interrogation lancinante rongeait l’opinion depuis presque un an. Par une indiscrétion imputable à la transparence de la concierge de la Maison-Blanche, on avait appris que le Président Obama passait le plus clair de ses journées à une tache ingrate : la fabrication de sa propre bière. Que les heureux visiteurs, invités au bar de White House, ont pu déguster et apprécier : elle serait tout bonnement prodigieuse. Ainsi, Obama ne serait pas seulement le plus grand brasseur de vent de l’histoire des Etats-Unis ; il serait aussi le plus talentueux brasseur de malt et de houblon. Il était donc naturel que le bon peuple connût la recette de ce breuvage magique, dont certains prétendent qu’il guérit les écrouelles (mais pas le crétinisme alpin). Un flot de pétitions pétillantes a ainsi envahi la Maison-Blanche, si bien que Barak a fini par lâcher le morceau. Vous voulez le secret ? Eh bien voilà : cette bière est brassée avec du miel. Mais pas n’importe lequel : celui produit par les ruches de Michèle, l’épouse du susdit, qui a construit des baraquements apicoles entre ses rangées de navets. Il en résulte que contrairement à la croyance largement répandue, la Maison-Blanche n’est pas le centre de l’exécutif américain ; c’est une ferme bio en pleine ville de Washington. Voilà qui explique complètement les caractéristiques de la politique américaine de la présente législature : on laisse les problèmes en l’état et on les badigeonne de miel, pour en masquer l’amertume. Puis on avale une bonne bière, afin d’effacer un arrière-goût déplaisant. Comme il est persistant, mieux vaut construire chez soi une brasserie. Et se taper des chopes jusqu’à plus soif. Car la publicité a raison : on peut rester inactif après de bonnes bières.

La recette du jour

Ethylisme marathonien

Vous marquez une propension à l’embonpoint si bien que madame a sucré du frigo votre provision de canettes. Offrez-lui des abeilles et faites-vous élire à la Maison-Blanche. Vous brasserez en toute impunité avec le miel du cru et vous pourrez picoler sans prendre une once de graisse : vous avez vu Barak ? Il est svelte comme un marathonien.

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