SNCF : un nouveau train-t

SNCF : un nouveau train-train

Si vous prenez le train pour aller vaquer à vos occupations ordinaires, la journée s’annonce chaude. Car elle inaugure la nouvelle grille horaire de la SNCF. La nature humaine étant spontanément réfractaire au changement, la population française devrait enregistrer aujourd’hui un séisme de force 8 sur l’échelle Richter du stress quotidien. En outre, il est inévitable qu’un tel bouleversement s’accompagne de quelques bugs : l’indicateur des chemins de fer est un monument de complexité. Le moindre retard dans la circulation d’un seul TER provoque une vague de dérèglements qui affectent l’ensemble du réseau, avec une intensité variable, de l’épicentre vers la périphérie. Quoi qu’on en dise, la SNCF sait gérer avec brio ses embarras systémiques permanents. Si les grandes banques avaient été dirigées par des cheminots au lieu de casinotiers, nul doute que nous eussions échappé au déraillement de l’industrie financière. Il n’empêche que les critiques (légitimes) se sont intensifiées ces dernières années, résultant pour l’essentiel d’un changement majeur initié de longue date : la fin programmée du monopole public du transport ferroviaire.

Les chemins de fer britanniques ont pourtant offert un exemple édifiant de la contreperformance née de la libéralisation du rail. C’est que ce mode de transport suppose une vision à très long terme du maillage territorial et nécessite la mobilisation de capitaux considérables. Tant pour le matériel roulant que pour les infrastructures. Des contraintes qui auraient justifié, à elles seules, le maintien de l’activité dans la sphère publique, mais le sentiment dominant en a jugé autrement. L’introduction de la concurrence dans l’offre ferroviaire, et la dissociation entre le réseau (son installation et son entretien, en charge de RFF) et l’exploitation proprement dite, est supposée apporter au secteur un wagon de modernité. Jusqu’à maintenant, elle a plutôt généré un convoi de désagréments. Et autant que l’on en puisse juger, ce nouveau paradigme de gestion n’a pas apporté au client le bénéfice de ce qu’il est en droit d’attendre de la concurrence : l’intensification de l’offre et la baisse des prix. Au contraire. C’est sans doute qu’une particularité essentielle de ce mode de transport a échappé aux théoriciens du marché libre et concurrentiel : sur un rail donné, on ne peut faire passer qu’un seul train au même moment. Dommage. Et sur le compte d’exploitation d’une entreprise privée, on doit impérativement supprimer les lignes déficitaires. En foi de quoi doit-on vous avertir de l’évolution prochaine des horaires de transport pour vous rendre au boulot : pour obtenir une place assise et un tarif avantageux, il vous faudra prendre le train de 3h14, qui vous amènera à destination à 4h08. C’est une bonne nouvelle : vous ne serez plus jamais en retard au bureau.

La recette du jour

Train du sommeil

Vous êtes déstabilisé par l’évolution des horaires de train et par celle du prix du billet. Renoncez à votre logement banlieusard et louez un wagon désaffecté en gare d’arrivée. Vous continuerez d’avoir le sentiment de passer votre vie dans le train, mais vous ferez des économies substantielles. Et vous dormirez plus longtemps, sans jamais plus être réveillé par le contrôleur.

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