Sous le signe du brocoli

Sous le signe du brocoli

La nuit a été longue pour les dirigeants européens, leurs sherpas et leurs cabinets itinérants, pendant que les footeux italiens éjectaient leurs homologues teutons de la compétition de l’Euro et qu’un thèque sans peur et sans reproche, un gueux anonyme invité sur le très aristocratique Court central de Wimbledon, pilonnait à mort la star espagnole du tennis mondial. Autant de hauts faits que les négociateurs n’ont pu visionner, tout occupés qu’ils étaient à façonner l’emploi du temps du sommet qui débute aujourd’hui. Il semblerait qu’une alliance impromptue des pays « du Sud » ait réussi à imposer un menu différent pour cette énième nouba « de la dernière chance ». Profitant de l’avantage acquis par son équipe, Monti parvenait à placer un « paquet croissance » conditionnel dans la surface de réparation, parvenant ainsi modifier substantiellement le plat de résistance de la manifestation : on servira des brocolis al dente au lieu des Kartoffeln mollasses. Une victoire incontestable de la gastronomie latine. Il reste maintenant deux jours pour déterminer qui paiera l’addition : ce sera plus difficile.

Au même moment, la Cour suprême américaine, contre toute attente et avec un sens du spectacle inhabituel, déclarait constitutionnel le fameux Affordable Care Act, ce texte qui constitue l’argument principal du mandat d’Obama : l’obligation faite à chaque Américain de contracter une assurance maladie. Ce qu’un membre du Congrès avait cru disqualifier à jamais en la comparant à « l’obligation d’acheter des brocolis ». Le dispositif ne laissera plus « que » 18 millions d’autochtones sans couverture médicale et l’intendance sera réglée par l’impôt. Le texte, par ailleurs, oblige les assureurs à renoncer à la sélection médicale, ce qui rapprochera les States des autres grands pays du monde déjà soumis à un tel système depuis belle lurette. Ce qui est paradoxal dans cette affaire, c’est que l’opinion est en majorité hostile à cette mesure « socialiste », qui remplit de fureur les rangs du Tea Party et ceux du clan républicain. Or, la Cour suprême se distingue par un conservatisme revendiqué : où est l’erreur ? De fait, en ratifiant ce texte impopulaire, la Cour suprême offre du grain à moudre au candidat républicain, qui a promis son abrogation dès après l’élection. Cette victoire tardive pourrait ainsi coûter très cher à Obama. De la même façon que la victoire du clan brocoli pourrait coûter chaud à l’Europe tout entière. Parce que la « ri-lance » lagardienne est une vraie-fausse solution.

La recette du jour

Eloge de la patate

Vous avez compris que le changement climatique allait perturber durablement l’économie. Renoncez illico aux plants de brocolis dans votre potager : ils prennent beaucoup d’espace, le chou ne se conserve pas et il ne nourrit pas son homme. Consacrez tout l’espace à la culture des patates : au moins aurez vous des semences pour l’année suivante.

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