Taxe au balcon

Taxe au balcon

Nos autorités ont du pain sur la planche pour le 23 de ce mois, date à laquelle ils doivent étouffer définitivement le foyer grec pour aborder le G20 de Cannes dans une ambiance rafraîchie. L’ennui, c’est qu’ils ont vendu au rabais l’équipement des pompiers, pour financer en hâte la mise aux normes des consignes en cas d’incendie. Alors, évidemment, il y a toujours quelque chose qui cloche et les agences de notation ne cessent de sonner le tocsin : banques, collectivités locales, Etats, tous sont assignés devant le tribunal de la vertu financière, où ils ne peuvent faire valoir que de bien pauvres arguments pour assurer leur défense. En prime, voilà maintenant que Moody’s fait les gros yeux à la France, suspecte de ne plus pouvoir conserver très longtemps le prestige de son triple A. Un « trésor » que notre Ministre des Finances s’est engagé à défendre « à tout prix ». Comprenons par là : quoi qu’il en coûte aux contribuables. En foi de quoi peut-on commencer à épargner avec une sauvagerie auvergnate.

La presse anglo-américaine se pourlèche de l’hystérie ambiante dans l’Eurozone. Avec la componction d’opérette qu’il déploie chaque fois que le Vieux continent est dans l’embarras, le Financial Times relève la dramatisation sarkozyenne de l’épisode en cours, le « spectre de la destruction de l’euro et de l’Europe », rien de moins, laissant accroire par contraste que la Grande-Bretagne et les Etats-Unis, le sterling et le dollar, se portent comme un charme. Tel n’est pas vraiment le cas, autant que l’on sache. Voilà peu, les tabloïds britanniques n’ont pas manqué d’épingler le projet français de taxation des sodas, relevant alors que la santé publique avait bon dos et que le Trésor tricolore était désespérément à la recherche de nouvelles ressources. Ce qui n’est pas totalement imaginaire, convenons-en. Mais son homologue anglais a déjà fait plus fort en la matière, en projetant d’imposer la « belle vue » dont disposent les immeubles, les pelouses qui les agrémentent et, plus récemment, les citoyens en surcharge pondérale. Après l’impôt sur les gros, voici poindre l’ambition luxurieuse de taxer les gorges pigeonnantes. Celles qui pigeonnent artificiellement, s’entend, c’est-à-dire après intervention de la chirurgie esthétique. Il est en effet question d’assujettir à la TVA les opérations visant à l’augmentation de la masse mammaire, afin de soumettre à la taxe la valeur ajoutée ainsi extériorisée. Déjà coûteuse, l’intervention deviendra alors prohibitive : on pourra désormais mesurer la fortune des Anglaises à la taille de leurs balconnets.

La recette du jour

Optimisation fiscale

Vous craignez que la déroute des finances publiques ne déclenche une volée d’impôts nouveaux. Vos inquiétudes sont fondées. Si vous disposez d’une villa joliment exposée et bien engazonnée, si vous êtes un peu replet ou vous, madame, généreusement embalconnée, évitez comme la peste l’enfer fiscal de Sa Gracieuse Majesté. Mais si vous êtes famélique et désargenté, inutile de fuir en Grèce : même les SDF décavés vont se faire allumer.

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