Un pied vers la compétiti

Un pied vers la compétitivité

Il va bientôt falloir ajouter une marche au grand escalier de l’évolution de l’humanité. Ou à tout le moins celle des Français. Un nouveau saut quantique dans la connaissance, à placer au même rang que la découverte du feu, l’invention de la roue, de l’énergie nucléaire, du tam-tam cellulaire, de la déclaration de revenus et du presse-purée. L’un de ces grands moments qui font basculer l’espèce dans une nouvelle modernité et qui permettent au sapiens d’être devenu l’animal sophistiqué que vous connaissez. Ne ratez donc pas aujourd’hui l’événement qui va bouleverser votre vie : la publication du rapport sur la compétitivité. Le Livre de la foi de Gallois va enfin nous révéler les secrets de la résurrection industrielle du pays. Le chemin qui conduit à la compétitivité, ainsi nommé l’état de grâce qui permet de vendre le maximum de trucs plus ou moins inutiles aux nations voisines, proches ou lointaines. Cette philosophie complexe suppose l’hybridation de la théorétique d’Aristote et de la praxis d’Attila, un exercice de haute voltige intellectuelle que seul un ancien avionneur pouvait entreprendre sans se crasher. Autant dire que nous sommes tous recueillis dans l’impatience de la révélation.

Encore que nous ne soyons pas complètement démunis face aux exigences vitales du commerce international. Le Figaro du jour vient nous apporter un réconfort bienfaisant. Grâce à l’excellence de nos éleveurs, la France s’est hissée à une place honorable sur un segment méconnu des exportations vers la Chine, ce marché convoité par tous les compétiteurs de la planète. Il s’agit du commerce des pieds et oreilles de porc, dont les Chinois sont aussi friands que nous le sommes des truffes du Périgord. Le quotidien nous apprend ainsi que nous exportons vers l’Empire du Milieu pour la somme faramineuse de… 80 millions d’euros d’extrémités porcines. Non, pas par jour. Par an : soit environ le cinq-centième de ce que Pékin nous a globalement vendu l’année dernière. Et l’article nous apprend que nous pourrions doubler les ventes si seulement nous avions davantage de porcs, ou si ces derniers avaient davantage de pieds. On se demande si c’est du lard ou du cochon. Mais enfin, voilà une piste prometteuse pour l’amélioration de notre balance commerciale. Même si une hirondelle ne fait pas un rouleau de printemps.

La recette du jour

Multiplication des petits pieds

Vous êtes conscient de l’impérieuse nécessité d’améliorer votre compétitivité. En d’autres termes, vous devez produire quelque chose de vendable aux Chinois. Abandonnez vos chiens et chats et adoptez des porcs comme animaux de compagnie. Tentez de les croiser avec un mille-pattes. Si vous y parvenez, vous marcherez de pied ferme vers la fortune charcutière.

deconnecte