Un Soleil en sucre

Un Soleil en sucre

Etes-vous sucré ? Si tel est le cas, un conseil : devenez astronaute. A condition d’être patient et de supporter un voyage de 400 années-lumière, ce qui n’est pas de la tarte, vous pourrez accéder à une jeune étoile, un bambin d’à-peine quelques millions d’années, que le radiotélescope ALMA surveille comme le lait sur le feu depuis son stationnement au Chili. Affublé d’un élégant patronyme de bagnard (IRAS 16293-2422), ce Soleil présente, selon la narration du Temps, une particularité intéressante : il est entouré d’un nuage de gaz truffé de glycolaldéhyde -un sucre simple, comme vous ne l’ignorez pas. En quoi cette affaire est-elle excitante ? Non, il n’y a pas un océan de caramel en suspension : il fait trop froid (10 degrés Kelvin, soit 263 degrés Celsius au dessous de zéro, c’est un peu frais pour faire fondre la cassonade céleste). Mais les chercheurs se réjouissent, figurez-vous, car le sucre en question est l’un des éléments composant l’ARN, l’une des briques essentielles à l’émergence de la vie.

Voilà donc de nouveaux arguments à l’hypothèse de l’existence d’extraterrestres, ce que notre espèce pourra vérifier sur IRAS dans quelques milliards d’années, si elle survit au saccage méthodique de son propre environnement. C’est tout de même rassurant de ne pas se savoir seuls dans l’Univers, même s’il est, et sera toujours, impossible de rendre visite à nos potes intergalactiques. En revanche, on découvre également que l’espace recèle des réserves inépuisables de ressources essentielles à l’humanité. Pas seulement des métaux rares ou même inexistants sur notre planète. On y trouve aussi… de l’alcool. C’est l’information la plus enivrante du jour : en vous baladant près d’une étoile lointaine, vous avez une forte probabilité de traverser une mer de cognac de quelques centaines de millions d’années. Le billettiste donnerait cher pour goûter à un tel élixir, qui mérite d’être labellisé hors d’âge. Et si ça se trouve, en cherchant bien, il est peut-être possible de dénicher une colonie de havanes patinés par l’éternité. On n’aurait jamais cru que l’astronomie pouvait être aussi gourmande.

La recette du jour

Berlingots célestes

Vous avez toujours eu un faible pour les sucreries. Enfourchez votre navette spatiale et filez tout droit vers IRAS 16293-2422. Puis installez-vous comme confiseur intergalactique : la matière première y est inépuisable. Mais pour les clients, il vous faudra attendre quelques milliards d’années. Heureusement, vous n’êtes pas pressé.

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