Une auto au prix d'un

Une auto au prix d’un vélo

Bon, autant ne pas tourner autour du pot (d’échappement) : si vous avez jugé nécessaire de faire un saut au Mondial de l’auto, c’est moins pour admirer la carrosserie des bolides que celle des hôtesses aux alentours. Car en matière d’accueil sur les stands, avouons-le, les constructeurs ont vraiment lâché les chevaux et ne se sont pas montrés pingres sur la cylindrée. Notre pays devrait se spécialiser dans l’aérodynamique féline et raffinée (on parle des hôtesses, pas des bagnoles) : c’est un argument convainquant pour le Redressement productif. Mais enfin, ne généralisons pas : peut-être faites-vous partie des 16,5% de Français qui envisagent d’acquérir un nouveau véhicule sur les deux ans qui viennent, si l’on en croit ce sondage. Lequel nous révèle accessoirement une information aussi décoiffante qu’un périple en décapotable : dans une proportion écrasante, le client privilégie désormais… le rapport qualité/prix. Incroyable, n’est-ce pas ? Voilà donc qui explique pourquoi vous voyez aussi peu de Bentley ou de Ferrari dans les rues : leur qualité n’est pas en cause, mais leur prix serait un frein au moteur de la décision d’achat. Sans ce sondage providentiel, on n’aurait jamais pu imaginer un truc pareil. Merci TNS Sofres.

Mais les conclusions du sondage, qui semblent étonner les sondeurs eux-mêmes, ne sont pas aussi triviales qu’il y paraît. Voilà peu de temps encore, le choix d’un véhicule était surtout dicté par des mobiles passionnels, comme si le client achetait en même temps la belle hôtesse du Salon. Aujourd’hui, les critères de décision deviennent principalement rationnels : la bourse plate neutralise l’épate. Pour preuve, le succès revendiqué par Renault avec la gamme low cost de Dacia. Et la firme enfonce le clou en annonçant la naissance prochaine, sous son nom, d’un véhicule à 3.000 euros. Plus fort encore, il est question de ressusciter la marque Datsun (aujourd’hui en sommeil) pour produire une voiture à 3.000 dollars (2.300 euros). Moins cher qu’un scooter. Bigre, ces machins seront-ils vendus en Europe ? Pas vraiment, répond Carlos Ghosn : ils sont plutôt destinés à l’Indonésie, à l’Afrique, et à tous les coins de la planète où « les normes ne sont pas les mêmes  ». Voilà donc la clef du prix de revient : un véhicule européen coûte 10% en fabrication et 90% en normes. C’est le prix à payer pour mériter l’Union. Pas étonnant que le nouveau traité européen provoque le spleen des parlementaires. Et encore ces derniers ont-ils le cuir plus souple que la sellerie d’une Rolls : si l’on demandait aux Français leur avis, nul doute qu’ils échangeraient sans hésiter Van Rompuy et Barroso contre une automobile au prix d’un vélo.

La recette du jour

Concept-car ultra low cost

Vous êtes convaincu que le marché de la voiture est mature et qu’il n’y a plus de place pour un nouvel entrant. Erreur. Inventez le concept de l’automobile à huit roues, autrefois appelée « patins à roulettes ». Chaussez-en une belle hôtesse et exposez sa carrosserie au Mondial. Vous ferez un tabac et des marges plus grasses que chez Dacia.

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