USA : Libération d’Homobama

Mille excuses : on est un peu dans le gaz, ce matin. Le décalage horaire et les neiges éternelles sur Roissy, voyez-vous. Mais enfin, le billettiste est heureux d’avoir assisté au raout d’investiture à Washington. A l’invitation d’Obama II, notez-le bien, ce qui confirme la sincérité de son programme œcuménique et pacifiste : il a même convié les étrangers qui n’hésitent pas à lui casser du sucre sur le dos. C’est sacrément classe. Et pour renforcer la crédibilité de ses engagements, Obama a prêté serment sur deux bibles, alors que le protocole du sacre américain n’en requiert qu’une. Cependant, avec un mauvais esprit typiquement français, Le Figaro publie un cliché qui dément la solennité de ce moment historique : le Président a l’air enjoué de celui qui fait une bonne blague, la Première Dame se marre franchement, la cadette des enfants affiche la mine complice de celle-qui-est-dans-la-confidence et l’aînée semble stupéfaite par l’audace paternelle. Du genre : «  Non mais c’est pas vrai, comment peut-il oser  ? ». Bref, pour un ancien-nouveau président qui prétend en finir avec la politique spectacle, le malencontreux instantané de l’AP vient démontrer que sa famille n’a pas encore suffisamment répété son nouveau rôle.

En revanche, le discours d’investiture ne manque pas de densité. Ses journalistes étant en boîte de nuit lors de l’événement, Libération reprend in extenso un papier de l’AFP qui a tiré la substantifique moelle du discours obamien. Ce ne sont plus les grandes envolées en faveur des droits-de-l’homme, mais un « appel historique  » pour les droits-des-homos. Paradoxalement, le rédacteur pourrait bien avoir fait œuvre prophétique dans son ingénuité : cet aspect anecdotique du programme présidentiel est susceptible de revêtir une importance capitale pendant le mandat qui débute. Car Obama a appelé à l’unité du pays, à la solidarité avec les plus démunis, à la mise en sourdine des querelles assassines qui empoisonnent les relations entre les deux grandes factions politiques. Or le thème de la « démocratisation » du mariage est typiquement le sujet sans intérêt capable de déchirer l’opinion. Nous en savons quelque chose, nous autres Français. En foi de quoi peut-on pronostiquer que la politique spectacle reprendra ses droits dès que les confettis auront été balayés des marches du Capitole. Une dernière info d’importance : pour entrer aux States, il faut désormais avoir été vacciné contre l’esprit critique. Une précaution bien inutile : les Français sont apparemment immunisés. Il suffit d’observer que nos grands médias sont unanimes à saluer l’aventure malienne comme une croisade bénie contre le terrorisme et pour la démocratie. Alors que l’on croyait à une tentative désespérée de sauvegarder nos intérêts épiciers. Vivement que le vaccin contre le scepticisme fasse son effet, pour que l’on puisse dormir en paix.

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