Inflation : un autre thermomètre de l’activité économique
- Par Jean-Michel Chevalier --
- le 16 janvier 2020
Le "pas assez" d’inflation est aussi invalidant pour l’activité et l’emploi que le"trop d’inflation". Pour 2020, l’atonie sera encore au rendez-vous...
L’effet cholestérol...
Après des années d’inflation réduite, les prix à la consommation ont augmenté en décembre de +1,4% sur un an indique l’Insee. Une hausse qui s’explique
en grande partie par un net rebond des prix de l’énergie (+2,6%).
Comme pour le cholestérol, de l’inflation, il en faut un tantinet pour faire tourner la machine, mais point trop n’en faut....
Le panier de la ménagère
L’inflation est "une situation de hausse généralisée et durable des prix des biens et des services" qui entraîne une baisse du pouvoir d’achat de la monnaie. En France, elle est mesurée mensuellement par l’Insee à travers l’indice des prix à la consommation (IPC) et l’indice des prix à la consommation harmonisé (IPCH). Elle est calculée sur la variation d’un panier de produits et services représentatifs de la consommation finale des ménages.
Inflation, dévaluation
Dans les années 70 et 80, fortement inflationnistes dans notre pays (environ 10% par an), les gouvernements étaient surtout jugés sur la maîtrise de l’inflation : les chocs pétroliers successifs avaient renchéri la production de biens, faisant s’envoler les prix. Pour rester compétitive face à l’Allemagne et soutenir ses exportations, la France a alors usé à plusieurs reprises de la "dévaluation compétitive" du franc par rapport au mark. Le serpent monétaire d’abord, puis la création de l’euro, ont depuis rendu impossibles ces ajustements....
Salaires
Si les salaires sont indexés sur l’inflation, la hausse des prix se répercute automatiquement sur le niveau des salaires, qui s’accroissent à leur tour.
Ce fut le cas pendant une trentaine d’années. Actuellement, c’est une demande plus forte des ménages qui "booste" l’inflation contenue à un faible niveau.
Par ici la monnaie
Des économistes contestent cette vision "demande-offre- salaires" et estiment que l’inflation est surtout un phénomène d’origine monétaire. Ils considèrent que l’inflation naît surtout du stock trop important de monnaie mise en circulation en regard de la quantité de biens et services offerts par le marché.
Mollesse
Une hausse modérée du niveau des prix est l’objectif principal des politiques monétaires conduites par les grandes banques centrales. Une inflation de 2% par an est considérée comme vertueuse pour l’économie par la Banque Centrale Européenne. Le 1,4% en 2019 traduit donc une mollesse de l’activité dans notre pays.
Consommer, investir, épargner
Une inflation modérée et stable est donc rassurante pour les entreprises et ménages qui peuvent se projeter à moyen et long terme dans des investissements en signant des crédits avec des taux d’intérêt bas (1,20% environ dans l’immobilier actuellement contre plus de 10% dans les années 80). Mais les placements deviennent moins intéressants (0,75% pour le livret A, soit moins que l’inflation), d’où un effet positif sur la consommation. A contrario, une inflation forte provoque une dégradation de la compétitivité, une baisse de l’activité et donc de l’emploi.
Le politique doit ajuster en permanence ces différents curseurs...
Boule de cristal
Pour 2020, la Banque de France prévoit une inflation IPCH) à 1,1% en moyenne annuelle, en lien avec des prix de l’énergie en baisse. Elle se redresserait à 1,3 % en 2021.
L’inflation hors énergie et alimentation serait encore faible en 2019
(0,6 %), mais remonterait pour atteindre 1,3% en 2021, en lien avec la baisse du chômage et la hausse des salaires. Mais les événements extérieurs (Brexit, guerre économique Chine-USA, etc.) peuvent venir démentir ces prévisions.