Livret A : pratique pour le court terme, mais son taux d’intérêt ne compense plus l’inflation
- Par Jean-Michel Chevalier --
- le 23 janvier 2020
À 0,5% à partir du 1er février, le placement préféré des Français a atteint son taux d’intérêt le plus bas depuis... 1818.
55 millions de titulaires
Ce n’est pas une surprise : le taux du Livret A va baisser de 0,75% à 0,50%
à partir du 1er février, comme régulièrement annoncé depuis quelques semaines. Bruno Le Maire a confirmé la nouvelle la semaine dernière, qui n’est pas très bonne pour les 55 millions de titulaires qui en détiennent un pour placer leurs petites économies.
Créé sous Louis XVIII
Simplicité d’usage, net de prélèvements sociaux ou fiscaux, le Livret A est le placement favori des Français. Initialement distribué par La Poste et la Caisse d’Epargne et le Crédit Mutuel, il est proposé par tous les organismes bancaires depuis dix ans. Il a été créé sous...Louis XVIII pour collecter une épargne dont l’État avait besoin (déjà...) et pour éduquer le "peuple" à l’économie.
Moral des ménages
0,50% est le taux d’intérêt le plus bas depuis sa création. Il était encore de 4% en 2008, de 2,25% en 2011 et n’a cessé depuis de baisser.
Le taux actuel ne compense pas le niveau de l’inflation (1,4% en 2019), autrement dit les épargnants perdent du pouvoir d’achat sur les sommes mises de côté.
Mais cet argent est immédiatement disponible, son plafond est limité
à 22 950 euros. Il sert de baromètre pour le moral des ménages,
ces derniers ayant tendance à "mettre de côté" lorsqu’ils ont des craintes pour l’avenir.
Logement social
Le Livret A sert à financer le logement social. Le ministre de l’économie a annoncé que "ce nouveau taux permettra de construire 17 000 logements sociaux supplémentaires en 2020 et d’en rénover 52 000 chaque année". Avec le recul du taux, les sociétés HLM et les bailleurs sociaux pourront emprunter moins cher, ce qui représente 300 millions d’euros selon les calculs de Bercy.
Construire plus...
Très utilisé par les milieux aux revenus modestes, dont il constitue souvent le seul placement avec le LDD, le Livret A reste un repère et une sécurité pour de nombreuses familles. Baisser son taux est politiquement sensible. Bruno Le Maire insiste sur le fait que construire davantage de logements sociaux est une "bonne nouvelle" pour le Français, ce qui est attendu effectivement. Mais la réalité est plus complexe...
Bailleurs sociaux gagnants ?
Si les bailleurs sociaux disposeront de 300 millions supplémentaires, ils devront supporter la baisse des APL et celle des loyers qui les privent de 1,5 milliard. Malgré quelques aides de l’état et l’effacement de 50 millions d’intérêts d’emprunt par la Caisse des dépôts, ils ne sont pas gagnants et la baisse du Livret A est loin de compenser...
Bas de laine
Les intérêts servis par les divers placements sont si bas que beaucoup de particuliers laissent dormir leur argent sur les comptes courants, sans prendre la peine de les "placer". La Banque de France a chiffré à 594 milliards d’euros ces dépôts à la fin de 2019. À titre de comparaison, les Français avaient placé 14 milliards sur le Livret A, une paille par rapport à l’encours de l’assurance-vie (guère plus rémunératrice) qui atteint les 1 800 milliards.
Di-ver-si-fier !
Il faudra un peu d’imagination dans les prochains mois (années ?) pour doper son épargne.
Les "vieux PEL" sont encore intéressants, l’immobilier reste une valeur sûre sur le long terme et la bourse s’apparente forcément à une sorte de loterie, avec des gagnants et les autres... Il faudra s’habituer à la prise de risque :
alors, bonne chance !