Nos assistants vocaux

Nos assistants vocaux seraient-ils trop "bavards" ?

Des consommateurs se sont aperçus que nos enceintes connectées étaient "écoutées" à notre insu. "Pour améliorer" le produit, répondent les fabricants...

Pression médiatique

Le diable se cacherait-il dans nos assistants vocaux ? Pour bon nombre d’Américains, la réponse est un "oui" catégorique, persuadés que ces appareils peuvent "écouter" les conversations à leur insu. Plusieurs révélations médiatiques récentes vont en ce sens. Elles mettent sous pression les grandes firmes qui vendent ces assistants du genre indiscret...

Pour notre bien ?

Suite à une enquête du Guardian, Apple vient d’annoncer qu’elle suspendait l’analyse par ses employés ou par des sous-traitants des conversations captées par Siri sur les Iphone, Ipad et HomePod. Pour la firme californienne, ces écoutes permettent d’améliorer l’intelligence artificielle, mais les utilisateurs n’étaient pas forcément prévenus de cette "fonctionnalité".
En somme, les clients pouvaient être écoutés "pour leur bien" sans le savoir…

Utilisation massive

Il y a de plus en plus de Français utilisant des systèmes connectés dans les logements, bureaux, et bien sûr par smartphones.
Et cent fois plus d’Américains qui utilisent les assistants vocaux "au moins une fois par mois" pour connaître la météo, fermer les volets, régler la climatisation, écouter de la musique, etc.

Pyrrhus

Mais il n’y a pas que le son : l’image aussi. Toujours aux US, Amazon a annoncé effacer les enregistrements et débrancher la caméra de son enceinte
"Alexa". De son côté Google, à la suite d’une action de l’Autorité allemande de protection des données, a suspendu les écoutes dans toute l’Union Européenne pour trois mois. Une victoire à la Pyrrhus : et après ?

3,2 millions d’utilisateurs

Malgré les risques - qui écoute quoi, à quelles fins réelles, que deviennent les enregistrements etc. - les Français ont vaincu leur "peur" des enceintes intelligentes. Selon Médiamétrie, ils n’étaient que 1,7 million à être équipés d’un assistant vocal à la fin de l’année dernière, et maintenant 3,2 millions. A l’évidence, le Père Noël est passé par là…

62% des internautes

Selon l’Hadopi et le CSA, un internaute français sur dix utilise un assistant vocal de type Google Home, Amazon Echo ou HomePod. 62 % disent posséder une enceinte connectée depuis moins de six mois et la même proportion d’utilisateurs considère que les enceintes intelligentes constituent potentiellement une menace pour la vie privée.

Petits échantillons

Aux accusations portées par les médias, Google répond sur une page dédiée qu’elle "écoute des extraits très courts nommés “snippets” afin de détecter le mot déclencheur “OK Google“ (…) Dès que les mots clés sont reconnus, (…) l’enregistrement démarre. Ces enregistrements peuvent être consultés et supprimés via la page “My Activity” à n’importe quel moment". Quant à Apple, sa position est particulièrement inconfortable puisque la Pomme met en avant "le respect de la vie privée"... De son côté, Amazon affirme n’écouter que "des échantillons très petits" de conversations dans le but "d’améliorer l’expérience client".

Un rempart, le RGPD

Le RGPD "renforce les obligations des fabricants d’enceintes connectées qui doivent fournir une information précise et intelligible aux utilisateurs, sécuriser toute la chaîne de traitement des données, notifier les éventuelles failles de sécurité… Le RGPD offre également plus de droits aux personnes sur l’utilisation qui est faite de leurs données" estime Maître Nina Gosse (Paris) citée dans le blog numérique de Sébastien Magro. Le champ d’application territorial du RGPD s’applique même aux sociétés US "soit parce qu’elles ont un établissement au sein de l’Union, soit parce qu’elles s’adressent au marché européen ou encore parce qu’elles "profilent" ses ressortissants".

Photo de Une (illustration) DR

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