Quinquennat : les travaux

Quinquennat : les travaux d’Hercule qui attendent le Président

Après les législatives des 11 et 18 juin, Emmanuel Macron entrera dans le "dur".
Il ne pourra compter sur un "état de grâce" tant les attentes sont fortes et... contradictoires.

Réussir les cent jours

L’état de grâce dont bénéficièrent Valéry Giscard d’Estaing et François Mitterrand n’ont plus cours. Ni Jacques Chirac, ni Nicolas Sarkozy, et encore moins François Hollande, ne purent s’installer et mettre en place leur
politique pendant leurs trois premiers mois à l’Élysée. Emmanuel Macron sera-il plus chanceux ? Dans l’ambiance actuelle, rien n’est moins sûr…

Réussir les législatives...

Pour prétendre gouverner à sa main, le nouveau président devra disposer d’une majorité à l’assemblée. Les candidats d’En Marche ! et leurs alliés vont-ils bénéficier de l’effet Macron ? Devront-ils conclure des alliances de gouvernement avec les plus modérés venant du PS et des Républicains ? Difficile à prédire dans des élections où l’implantation locale et la personnalité du député sont souvent plus déterminantes que leur étiquette politique.

... Et éviter la cohabitation

Mitterrand et Chirac ont goûté aux joies de la cohabitation, l’un avec Edouard Balladur, l’autre avec Lionel Jospin. Dans ces attelages improbables, ceux qui occupèrent Matignon s’en sont plutôt bien tirés, en menant à leur guise leur politique. Même si, plus tard, ils ne réussirent pas à transformer l’essai en s’installant à leur tour à l’Élysée. Une cohabitation, avec comme Premier ministre un Républicain ou un Mélenchoniste "pur sucre" réduirait considérablement la marge de manœuvre du président.

Procéder aux nominations

Préfets et hauts fonctionnaires, ambassadeurs, membres de “machins“ comme la haute autorité de l’audiovisuel, l’état-major des armées, etc.
Le président nommera aux postes-clé des personnalités qui, sans être "macronistes", n’en seront pour autant pas hostiles au nouveau chef de l’État. Mais avant, le choix du Premier ministre et celui des membres du gouvernement devra être soupesé au trébuchet après les législatives pour que les forces politiques de la nouvelle majorité soient représentées à leur juste valeur.

Être prêt

L’exécutif sera vraiment en ordre de marche à partir du 19 juin. Il entrera alors dans le "dur", en commençant dès l’été par les dossiers les plus chauds : l’emploi, la sécurité et la lutte contre le djihadisme, les retraites, le nucléaire, la fonction publique, le pouvoir d’achat, la mise en place des réformes annoncées.

La politique extérieure

Rassurer l’Europe, renforcer le lien franco-allemand sans qui rien ne serait possible, vaincre les craintes des "petits" pays qui peinent à suivre, aider ceux qui sont confrontés à des vagues d’immigration massive (Italie, Grèce, Hongrie). Et négocier avec des personnalités comme Donald Trump et Vladimir Poutine, qui ne rêvent que de déconstruire l’Europe : bon courage, monsieur le président !

Économie et social

Il devra donner des signes positifs pour cajoler l’esprit d’entreprise sans donner pour autant l’impression d’oublier la base, les petits salaires et les chômeurs. En clair, il ne devra pas se couper de l’électorat de la droite traditionnelle sans pour autant désespérer Mélenchon, qui sera son principal
partenaire/adversaire à gauche. En attendant une éventuelle recomposition des forces modérées du PS, atomisées après la débâcle annoncée des présidentielles. Macron devra aussi tenir compte d’une société en pleine mutation (numérique) et de valeurs avec de nouvelles générations moins attachées au salariat, sensibles à l’environnement, inquiètes de la mondialisation.

Photo de Une - Emmanuel Macron DR

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