Comte de Grasse : le (...)

Comte de Grasse : le gin parfumé est entré en production

Créée par un homme d’affaires indien, la distillerie installée au pied de la vieille ville propose ses premières bouteilles en attendant de produire aussi du whisky et du rhum. Demandez à Bhagath Reddy s’il est facile de créer une entreprise en France, et il vous répondra spontanément : "oui bien sûr". Moins de trois ans lui ont été nécessaires pour installer et mettre en production une distillerie de gin dans un ancien bâtiment industriel de Grasse entièrement réaménagé. Un challenge impossible à relever sans l’aide de la Ville et de la communauté d’agglomération, de la Région et même de l’État dont les services se sont "mis en ligne" selon les mots du sous-préfet de l’arrondissement pour permettre la naissance de ce projet. Ainsi que de Team Côte d’Azur, de l’incubateur Paca-Est, de la BPI, etc.

Une alchimie parfumée

Bhagath Reddy (DR JMC)

L’histoire de Bhagath Reddy va bien au-delà de la création d’une distillerie. Elle parle au tissu industriel local, à son histoire, à son patrimoine autour de la fleur, des arômes et des parfums qui font de Grasse le phare mondial de ces activités dans le très haut de gamme.
"En visitant la région, j’ai été séduit et cela m’a paru comme une évidence de m’installer ici pour développer mon activité" explique l’entrepreneur indien. D’autant que sur l’ancien site de l’usine Roure au pied de la vieille ville sont réunis tous les ingrédients pour réussir l’alchimie d’un breuvage encore mal connu en France. Il y a d’abord... l’eau, celle de la source de La Foux à la pureté et aux qualités nécessaires. Ensuite les plantes cultivées dans la
région. Enfin les savoir-faire locaux autour de la distillerie, de la macération et de toute la chaîne de production autour des fragrances. Ce cocktail subtil est encore relevé par la présence, à quelques mètres de la nouvelle entreprise, des laboratoires de l’Université de Nice Sophia avec lesquels Bhagath Reddy travaille pour sa R&D. Ce qui lui a permis de mettre au point la formule du gin N 44N (prononcez 44 Nord), dont le cap du premier millier de bouteilles vendues vient d’être franchi. Si l’entrepreneur tient secrète la composition de son alcool, il ne cache pas que les plantes de nos montagnes font partie de la recette. Il incorpore le cade, des fleurs cultivées (roses centifolia séchées, immortelle, verveine) des zestes d’orange amère et de citron, etc. Soit une vingtaine de composants naturels et d’épices qui entrent dans la composition de son gin.
"Mon but, ce n’est pas de fabriquer des millions de bouteilles, mais de proposer un produit exceptionnel" précise Bhagath Reddy. Un pari en voie d’être réussi. Car si la bouteille de 44 N est à 75€ prix public, soit le double des hauts de gamme déjà sur le marché, elle a déjà séduit des palaces et des bars à cocktails huppés. Le bouche à oreille dans ce petit monde spécialisé fera le reste...

Bientôt du whisky et du rhum

Le nectar 44 N ! (DR JMC)

L’entrepreneur ne compte pas s’arrêter en si bon chemin. Déjà il s’organise pour créer d’ici deux ans un whisky puis du rhum, avec là encore des produits cultivés sur place.
"Bhagath Reddy aurait très bien pu installer ses activités à Londres ou New York. C’est pourquoi nous avons tout mis en œuvre pour accompagner cet industriel audacieux" précise le maire de Grasse et président de la communauté d’agglomération. "Il a fallu battre des records de vitesse pour accélérer les délais, respecter les règlements" précise le sous-préfet Daguin.

Comme quoi, impossible n’est pas français...

Bien sûr, on a dégusté le gin made-in-Grasse issu d’une bouteille bleue élégamment designée. Sa puissance est accompagnée d’arômes floraux complexes, qui tourbillonnent, sont longs en bouche. La promesse de Bhagath Reddy est tenue : le produit intitulé 44°N (la latitude de Grasse) est vraiment exceptionnel et ne peut être apprécié qu’avec modération.

Photo de Une : Bhagath Reddy fait visiter son entreprise à Jérôme Viaud, maire de Grasse. (JMC)

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